Par Arlette Akoumou Nga
“À la lumière de ce verdict de culpabilité, le sénateur Menendez doit maintenant faire ce qui est juste pour ses électeurs, le Sénat et notre pays : démissionner
“, a réagi le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer.
Le gouverneur démocrate du New Jersey, terre d’élection de Bob
Menendez, l’a aussi pressé de démissionner.
Robert Menendez connaîtra sa sentence le 29 octobre, à quelques jours des élections générales du 5 novembre où il compte se représenter au poste de sénateur sous l’étiquette d’indépendant. Le même jour se déroulera l’élection présidentielle qui verra le démocrate Joe Biden s’opposer au républicain Donald Trump, candidat lui aussi sous le poids d’une condamnation pénale à New York dans une affaire de paiements dissimulés.
Coupable sur toute la ligne
Robert Menendez a été reconnu coupable de la totalité des 16 chefs d’accusation, notamment conspiration en vue de commettre des actes de corruption, conspiration pour agir en tant qu’agent d’un gouvernement étranger, ainsi qu’obstruction à la justice, a indiqué le parquet fédéral de New York, qui précise que le total additionné des peines encourues s’élève à 222 ans de prison.
Le sénateur compte faire appel.
Je n’ai jamais été rien d’autre qu’un patriote pour mon pays. Je n’ai jamais été un agent étranger.Une citation deLe sénateur démocrate Robert Menendez
Il comparaissait avec deux chefs d’entreprise locaux, qu’il est accusé d’avoir favorisés en échange d’enveloppes de liquide et d’or, ainsi que pour avoir usé de son influence au profit de l’Égypte et du Qatar. Cette affaire porte depuis toujours sur des niveaux choquants de corruption. Des centaines de milliers de dollars de pots-de-vin, dont de l’or, du liquide [près de 500 000 $, Ndlr] et une Mercedes-Benz
ont été retrouvés, a réagi le procureur fédéral de Manhattan, Damian Williams. C’était de la politique pour le profit.
Les deux chefs d’entreprise, Fred Daibes et Wael Hana, ont aussi été jugés coupables. Un troisième, José Uribe, avait plaidé coupable. L’épouse de Bob Menendez, Nadine Arslanian Menendez, sur laquelle les avocats du sénateur ont tenté de faire porter le chapeau, est aussi poursuivie, mais doit être jugée séparément, car elle doit être soignée pour un cancer du sein.
Un sénateur influent
Bob Menendez est un vieux routier de la politique américaine et un sénateur influent, ancien président de la puissante commission des Affaires étrangères du Sénat dont il a démissionné à cause de cette affaire.
Membre de l’aile droite du Parti démocrate, il a été un farouche opposant à la normalisation des relations américaines avec Cuba, partisan d’une ligne intransigeante vis-à-vis du Venezuela et de la Chine, et défenseur d’Israël. Fait rare pour un sénateur : il avait déjà été jugé dans une affaire de corruption différente, mais son procès avait été annulé en 2017 faute de verdict unanime des jurés. Selon l’accusation au procès qui vient de s’achever, le sénateur d’origine cubaine a interféré dans la nomination d’un nouveau procureur dans le New Jersey pour obtenir l’abandon de poursuites contre deux des trois chefs d’entreprise poursuivis dans le dossier, Fred Daibes et José Uribe.
Dans une affaire où s’entremêlent influence internationale et relations d’affaires, il aurait aussi tenté de peser pour débloquer une aide militaire à l’Égypte, tout en cherchant à protéger le monopole sur l’importation de viande halal accordé par le gouvernement égyptien au troisième entrepreneur poursuivi, Wael Hana.