Par Sandra Embollo avec Afp
Si le directeur de la CIA s’est montré bavard au sujet de la guerre en Ukraine et de la récente rébellion avortée du patron de Wagner, il n’a pas dit un mot sur son récent voyage en Ukraine, peu de temps avant la mutinerie avortée d’Evgueni Prigojine.
Ce samedi 1er juillet, depuis la Fondation Ditchley, au Royaume-Uni, le directeur de la CIA William Burns a qualifié l’invasion de l’Ukraine par la Russie de « défi géopolitique le plus immédiat et le plus aigu pour l’ordre international aujourd’hui ».
Selon lui, la guerre en Ukraine a un effet « destructeur » sur Vladimir Poutine et est un « échec stratégique » pour Moscou, qui a révélé les faiblesses militaires de la Russie. Ce qui a également porté un coup à son économie et encouragé l’élargissement et le renforcement de l’Otan. Ce qui peut créer, aux yeux du patron de l’agence de renseignement américaine, une « occasion » exceptionnelle.
« Le mécontentement à l’égard de la guerre continuera à ronger les dirigeants russes (…) Ce mécontentement crée pour nous, à la CIA, une occasion qui ne se présente qu’une fois par génération ».
a développé William Burns, qui s’est entretenu en juin en Ukraine avec des responsables du renseignement et le président Volodymyr Zelensky.
« Nous ne la laisserons pas passer », a-t-il ajouté, rappelant alors que la CIA avait récemment posté un message sur Telegram expliquant aux Russes comment joindre l’agence américaine par le biais du dark web.
Les mots de Prigojine vont résonner encore longtemps
Des déclarations qui interviennent dans un contexte forcément singulier pour la Russie, qui une semaine plus tôt, subissait une révolte des mercenaires de Wagner conduite par le patron du groupe paramilitaire russe Evgueni Prigojine. Bien qu’éphémère, elle avait toutefois exposé au grand jour des faiblesses latentes dans la position du président russe Vladimir Poutine.
D’autant plus que le chef de Wagner avait ouvertement remis en question les raisons pour lesquelles l’intervention militaire avait été lancée, affirmant que « la guerre était nécessaire pour qu’un groupe de salauds soit promu ».
« L’impact de ces mots et de ces actions se fera sentir pendant un certain temps, rappelant avec force l’effet destructeur de la guerre de Poutine sur sa propre société et son propre régime ».
estime ainsi William Burns.
Dans son discours, le patron de la CIA a par ailleurs évoqué la Chine, qu’il a notamment mise en garde contre la « répression croissante à l’intérieur du pays et l’agressivité (du président chinois) vis-à-vis de l’étranger ».
Preuve de l’intérêt des États-Unis pour la question chinoise, William Burns a déclaré que la CIA avait créé un centre de mission axé sur la Chine et qu’elle avait plus que doublé la part de son budget global consacrée aux activités de la puissance asiatique.