Par Arlette Akoumou Nga
Les partisans de Donald Trump en rêvent. L’hypothèse d’une procédure d’impeachment (destitution) contre Joe Biden est devenue un peu plus crédible cette semaine, après les déclarations de Kevin McCarthy, chef des républicains à la Chambre des représentants.
Évoquant sur la chaîne conservatrice Fox News les malversations financières présumées du clan Biden, Kevin McCarthy a pour la première fois émis clairement l’idée d’une “enquête de destitution” visant Joe Biden. Avant d’enfoncer le clou mardi, devant la presse rassemblée au Capitole:
“Comment faire toute la lumière sur la vérité? Le seul moyen pour le Congrès de le faire est d’ouvrir une enquête de destitution”.
Boostée par les démêlés judiciaires d’Hunter Biden, fils du président démocrate, la frange la plus radicale du parti républicain y voit une occasion de rééquilibrer le rapport de force avec Donald Trump, mis en accusation à deux reprises en 2019 et 2021.
Une enquête pour réunir des preuves
“Ce que fait une enquête de destitution, c’est qu’elle nous donne l’apogée du pouvoir du Congrès pour que les républicains et les démocrates puissent rassembler les informations dont ils ont besoin”, a expliqué Kevin McCarthy, alors que les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, multiplient les travaux pour récolter des preuves contre l’administration Biden. L’enquête de destitution est la première étape de la procédure d’impeachment, avant un vote à la majorité simple à la Chambre des représentants. C’est en dernier ressort le Sénat qui peut prononcer l’impeachment, à une majorité des deux tiers. Une hypothèse largement fantaisiste alors que la chambre haute des États-Unis est partagée entre 51 démocrates et 49 républicains.
Rassurer l’aile droite des républicains
En juin dernier, les républicains trumpistes avaient déjà déposé une résolution d’impeachment, accusant Joe Biden être responsable d’une “invasion” à la frontière entre les États-Unis et le Mexique du fait de sa politique migratoire. À l’époque, les républicains avaient renvoyé le vote de la résolution devant une commission parlementaire, freinant les ardeurs des républicains les plus radicaux.
Élu speaker de la Chambre sous la pression du Freedom Caucus – un groupe d’élus pro-Trump radicaux – en janvier dernier, Kevin McCarthy semble aujourd’hui vouloir cajoler son aile droite. En ouvrant la porte à une procédure d’impeachment, le chef des républicains “s’efforce d’annuler la menace des élus d’extrême droite de faire dérailler plusieurs projets de loi de financement”, analyse le Washington Post.
Un dossier encore fragile
Concrètement, les républicains accusent plusieurs membres de la famille de Joe Biden – et pas uniquement son fils Hunter – d’avoir reçu dans la plus grande opacité près de 10 millions de dollars d’entreprises étrangères, notamment chinoises et roumaines. Mais le dossier est pour l’instant fragile, explique sur Twitter Corentin Sellin, enseignant spécialiste des États-Unis et chroniqueur pour Les Jours. Seule une déclaration anonyme d’un informateur étranger anonyme du FBI semble étayer les accusations.
En 2020, le ministère de la Justice dirigé par William Barr – nommé par Donald Trump – avait lancé une enquête sur les allégations de cet informateur mais celle-ci été close huit mois plus tard, faute de preuves suffisantes d’actes répréhensibles, rapporte Associated Press. Outre Joe Biden, les républicains ont dans leur viseur le secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis Alejandro Mayorkas, critiquée pour sa politique migratoire, et le ministre de la Justice Merrick Garland, accusé d’avoir exercé des pressions sur l’enquête visant Hunter Biden.