Par Sandra Embollo
Un air de 2008… Mardi 20 août à Chicago, Michelle et Barack Obama ont confirmé leur statut d’immenses stars démocrates, avec des discours qui ont fait chavirer la salle à la convention de leur parti.
L’ancienne First Lady a été la première à monter sur scène, où elle a sonné, avec une calme autorité, l’heure de la mobilisation générale pour faire élire la vice-présidente Kamala Harris.La brillante avocate aurait presque volé la vedette à son époux, cet orateur adulé dans le parti. « Ma Kamala Harris est plus que prête pour ce poste », a-t-elle assuré.
« Il y a quelque chose de magique et de merveilleux dans l’air », a dit la démocrate, dans une ville qui est le fief politique de l’ancien couple présidentiel. « C’est le pouvoir contagieux de l’espoir ».
« Pendant des années, Donald Trump a fait tout ce qui était en son pouvoir pour que les gens aient peur de nous »
a-t-elle accusé, poursuivant :
« Il s’est senti menacé par l’existence de deux personnes qui travaillent dur, qui sont très instruites et qui ont réussi, et qui se trouvent être noires ».
Et de lancer :
« Je veux bien savoir qui va lui dire, qui va lui dire que l’emploi (de président) qu’il recherche actuellement pourrait bien être l’un de ces + emplois pour personnes noires + », en référence à des propos polémiques passés du candidat en la matière.
Elle a appelé les démocrates, plusieurs fois, à l’action, en assénant : « Quand quelque chose se passe mal, quand un mensonge se propage, nous ne pouvons pas rester à nous tordre les mains (…) Nous ne pouvons pas nous complaire dans nos angoisses. »
La démocrate, qui n’avait jamais livré d’attaque aussi franche, a fustigé les « mensonges hideux, misogynes, racistes » du milliardaire républicain. Barack Obama a lâché dans un sourire en lui succédant sur scène : « Je suis la seule personne assez bête pour venir parler après Michelle Obama ».
« Yes, she can », a-t-il dit à propos de Kamala Harris, en assurant que l’Amérique était « prête » à l’élire présidente, et saluant les qualités humaines de la vice-présidente. Lui a choisi d’attaquer Donald Trump sur un ton moqueur. « Voilà un milliardaire de 78 ans qui n’arrête pas de pleurnicher », a ironisé l’ancien président, et c’est « pire depuis qu’il a peur de perdre face à Kamala » Harris.
« Il y a les surnoms puérils et les théories du complot folles, cette étrange obsession avec la taille des foules » assistant à ses meetings, a-t-il dit. Et de souligner ses propos en mesurant avec ses mains un écart d’abord petit, puis plus grand, puis à nouveau petit.
Dans la salle, cette gestuelle ambiguë – « suggestive », a estimé le New York Times – a fait rire les délégués.
Un discours savamment construit
Dans un discours savamment construit et livré avec cette aisance très maîtrisée qui lui est propre, le premier président noir des États-Unis a dressé le portrait d’une Amérique grignotée par la méfiance et la solitude, mais qui « veut être meilleure. » « Nous vivons une époque de telle rancœur et de telle confusion, avec une culture qui valorise ce qui ne dure pas : l’argent, la célébrité, la position sociale, les « likes ». Nous cherchons l’approbation d’étrangers sur nos téléphones ; nous construisons toutes sortes de murs et de barrières autour de nous et ensuite nous ne comprenons pas pourquoi nous nous sentons si seuls », a-t-il décrit.
Mais « les liens qui nous unissent sont toujours là », a assuré Barack Obama, « parce que la vaste majorité d’entre nous ne veulent pas vivre dans un pays amer et divisé. » « La joie et l’enthousiasme que nous voyons autour de cette campagne nous disent que nous ne sommes pas seuls », a-t-il lancé.