Par Julie Peh
Fin de partie pour Ron DeSantis, qui fut un temps le plus formidable adversaire de Donald Trump pour la nomination républicaine à l’élection présidentielle de 2024. Dimanche, le gouverneur de Floride a annoncé son retrait de la course.
« Cette campagne est finie, mais la mission continue. Ici en Floride, nous allons continuer à montrer au pays comme vivre »,
A-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur X, après avoir promptement quitté les frimas de la Nouvelle-Angleterre
Dans la foulée, il a soutenu la candidature de Donald Trump.
« Il a mon soutien, parce que nous ne pouvons pas revenir à la vieille garde des républicains d’antan ou au nouvel emballage d’un corporatisme réchauffé qu’incarne Nikki Haley »,
A-t-il dit.
Les uns après les autres, les adversaires de Donald Trump se couchent, comme les épis sous la faux. Ils ont presque tous déclaré forfait alors que seul l’Iowa a tenu un caucus, et sans attendre le verdict des urnes dans le New Hampshire, mardi prochain. Chris Christie a lâché la rampe juste avant l’Iowa le 15 janvier ; Vivek Ramaswamy juste après. Aucun d’entre eux n’a donné de consignes de vote. La diplomate Nikki Haley, qui avait travaillé dans l’administration Trump, reste donc seule en lice pour affronter son ancien patron. Ron DeSantis était pourtant arrivé en deuxième position dans l’Iowa, avec 21 % des voix. Mais l’avance prise par Donald Trump a atteint un niveau historique. De plus, le Floridien a sillonné cet État, et beaucoup moins le New Hampshire, où il n’est crédité que de 6 % des intentions de vote à la primaire républicaine (moyenne Rcp). Après l’Iowa, l’équipe de campagne de Ron DeSantis avait commencé à licencier du personnel.
Il y a un an, le gouverneur de Floride, très populaire chez lui, était pourtant vu comme la véritable alternative à Donald Trump dans son camp. Les grands donateurs républicains lassés du chaos trumpiste voyaient en lui l’homme qui pouvait diriger le pays avec la même radicalité, mais plus de prévisibilité.
Ron DeSantis a donc levé des sommes record via son comité de financement Never Back Down. En janvier 2023, il était à 34 % dans les sondages, et pouvait encore espérer rattraper Donald Trump, 45 % (moyenne fivethirtyEight). Mais il n’a pas transformé l’essai. Sa personnalité autoritaire, sa fausse convivialité et l’impression qu’il a donné d’être une pâle copie de Donald Trump l’ont desservi. Les donateurs ont changé de cheval après les bonnes performances de Nikki Haley lors des débats télévisés. Le retrait de Ron DeSantis ne va pas bouleverser le pronostic de la primaire, favorable à 66 % à Donald Trump. Nikki Haley, avec 12 % des intentions, n’a pas bénéficié du report de voix de Vivek Ramaswamy et n’aura pas non plus les votes de DeSantis. Comme l’a dit le candidat anti-trumpiste Chris Christie en se retirant de la course, et alors qu’il pensait que son micro était éteint : « Elle est cuite ».