Par Sandra Embollo
Lors d’une réunion publique le 14 mars au soir, une commission chargée par la ville de San Francisco de faire des propositions afin de corriger les inégalités qui seraient subies par les Afro-américains aux Etats-Unis depuis l’esclavage a présenté un plan choc : attribuer cinq millions de dollars à chacun d’entre eux habitant la ville.
«Les vies noires comptent. Vous avez l’occasion de le démontrer aujourd’hui, faites-le avec des réparations».
a réclamé devant le conseil municipal Yulanda Williams, une policière d’ascendance africaine favorable à la réforme, citée par l’Afp.
En plus de cette mesure phare, le plan présenté contient une centaine de recommandations. Il propose par exemple de garantir un revenu annuel minimum de presque 100 000 dollars pendant 250 ans pour chaque adulte noir éligible, une maison à San Francisco pour un dollar par famille ou encore d’annuler les dettes des bénéficiaires.
L’opposition juge «absurde» un plan à «50 milliards» Les opposants au projet dénoncent un plan «absurde».
«Ce n’est pas du tout sérieux et en plus d’être une énorme perte de temps, c’est aussi une distraction complète».
a déclaré le chef du Parti républicain à San Francisco John Dennis, cité par l’Afp.
«Le budget [annuel] de la ville est de 14 milliards de dollars», a-t-il rappelé, soulignant qu’un tel plan coûterait «50 milliards» de dollars. L’idée de réparations contre le racisme systémique a le vent en poupe au sein de la gauche américaine, poussée par certaines études selon lesquelles les politiques publiques américaines auraient augmenté pendant des décennies les probabilités de la population afro-américaine d’être pauvre, au chômage ou en prison.
Ainsi, la Californie s’est dotée d’une commission sur le sujet, qui n’a pas encore rendu de rapport..D’autres villes ont fait de même : en 2021 la municipalité d’Evanston, près de Chicago, est devenue la première ville américaine à adopter un plan de réparations, attribuant notamment des aides financières à ses habitants afro-américains pour rénover leur logement. Mais le plan envisagé par San Francisco est de loin le plus ambitieux. La ville compte plusieurs dizaines de milliers d’habitants d’ascendance africaine, et les critères d’éligibilité restent à déterminer. Un rapport final doit être remis en juin, et le conseil municipal devra ensuite se prononcer.
