Par Serge Aimé Bikoi
Tout est parti de la réunion du 5 mai 2023 tenue à Bafoussam, capitale régionale de l’Ouest-Cameroun, à laquelle Jean Michel Nintcheu s’est absenté. En effet, au cours de cette assise organisée par Jean Tsomelou, ancien secrétaire général du Social democratic front (Sdf), bien de résolutions ont été prises dans l’optique de la structuration du Sdf G27+. L’objectif consiste à attribuer des responsabilités spécifiques aux membres. Question d’assurer, disent les participants, une efficacité et une meilleure coordination des actions. C’est ainsi que l’ossature des postes de responsabilité a été, au cours de cette réunion, définie comme suit:
- Coordination : Sa Majesté Sénateur Paul Tchatchouang assisté de Sa Majesté Honorable Paul Nji Tumasang.
- Equipe média : Denis Nkemlemo assisté de Jean Robert Wafo.
- Secrétariat et lobbying : Sénateur Jean Tsomelou assisté de Chantal Kambiwa
- Conseillers juridiques : Me Tsapy Lavoisier assisté de Me Moustapha Ngouana
- Mobilisation de la base: le maire John Kumase assisté de l’honorable Jean Michel Nintcheu, Emmanuel Ntonga, du sénateur Aboubaka Siroma, Florent Tsapngong et de André Tiense.
- Trésorier : Étienne Sonkin
- Mobilisation de la diaspora : Jean Robert Wanko assisté de Raphaël Toko
- Conseillers: Honorable Emmanuel Yoyo, Pr Kofele Kalle, le maire Cyrille Ngnang et Aloys Parfait Mbvoum.
C’est après avoir pris connaissance de ces nominations que J.M. Nintcheu a, illico presto, réagi et s’est opposé au poste qui lui a été attribué. Voici, d’ailleurs, le message qu’il a fait parvenir à ses camarades au lendemain de la tenue de cette réunion : ” Bonjour à tous ! J’étais absent à Bafoussam pour des raisons d’obscures manipulations et je refuse d’être nommé à quelque fonction que ce soit sans être consulté ! Je considère que c’est un manque de respect absolu envers ma modeste personne ! J’exige, par conséquent, que mon nom soit rapidement enlevé de cette liste de “nomination”. Même Fru Ndi, qui n’est pas un modèle, n’a jamais fait preuve de tant de désinvolture ! Je me suis toujours considéré comme un combattant de la liberté et je n’ai besoin d’un quelconque adoubement pour poursuivre le combat engagé depuis 33 ans”.
C’est après avoir manifesté sa désapprobation suite à sa nomination au poste d’assistant à la mobilisation de la base que J.M. Nintcheu a décidé de tenir, en date du 13 mai 2023 en son domicile à Douala, une réunion, dont l’une des résolutions est l’organisation du “congrès de la refondation” du “Sdf originel”. Selon des sources concordantes, seuls deux membres du G27+ emboîtent le pas à Nintcheu, en l’occurrence Jean Robert Wafo, ancien ministre du shadow cabinet en charge de l’information et des médias, nommé assistant de l’équipe médiatique de ce consortium, et Carlos Ngoualem, ancien adjoint au maire de Douala Vème, qui n’a pas de poste de responsabilité donné. 31 autres membres du G27+ militent en faveur d’une dynamique groupale surtout que l’heure est à la concentration de tous sur les contentieux judiciaires opposant le G27+ au chairman Ni John Fru Ndi,leader national du parti souffrant ces derniers temps.
De plus, ces derniers jours, nous avions eu vent des informations selon lesquelles il y a une dissonance cognitive entre certains membres du G27+. En effet, un cadre du G27+ résident en Allemagne a pris le contre-pied d’un affidé du camp Nintcheu ces derniers jours au sujet de son absence à la réunion de Bafoussam. Pourtant, cette assise a, dûment, été annoncée le 24 avril 2023 par J. Tsomelou. Le membre de Sdf Germany demande à ce soutien de Nintcheu s’il n’est plus à l’aise dans le G27+, il peut quitter ce groupe avec sa convenance. Il lui propose, d’ailleurs, de réactiver le Rap, ancienne formation politique dirigée par son leader, comme leur nouveau clan essaie, ajoute-t-il, maladroitement de le faire en créant le “Sdf originel” depuis le 13 mai et en annonçant la tenue du congrès les 28, 29 et 30 juillet 2023. La trentaine de membres du G27+ estime qu’une telle démarche du clan des trois est contre-productive tant elle devrait rester secrète, être l’émanation du groupe et non faire l’objet d’une appropriation par un groupuscule quelconque à la recherche du buzz. La faction de J.M. Nintcheu est accusée, dans la même veine, de caporaliser le groupe, en tentant de lui imposer un agenda et un leadership qui les confortent sous le prétexte d’une certaine opinion et/ou de la popularité d’une personne alors que le collectif n’est pas encore rendu à cette phase.
Joint au téléphone, Carlos Ngoualem fait savoir que le groupe est actuellement en proie à des sérieuses divisions internes liées à la non- accréditation de certaines logiques qui y prévalent et qui ne rencontrent pas l’assentiment de bien de membres. Pour ce soutien affiché de J.M. Nintcheu, il ne s’agit pas, purement et simplement, d’un problème de poste à occuper dans l’ossature des fonctions définies, mais plutôt il est question d’impulser un ensemble d’actions ce d’autant plus que les échéances futures approchent, notamment celle de l’organisation du congrès. Joint aussi au téléphone, Emmanuel Ntonga, ancien président régional du Sdf pour le Centre, réfute l’idée de ne percevoir qu’une affaire de postes et bat en brèche la thèse selon laquelle Nintcheu est seul contre une trentaine de membres opposés à lui. Pour Ntonga, il y a, certes, des dissensions internes au sein du G27+, mais cette divergence de positions et de courants idéologiques est due au fait que des membres affiliés sont, pour les uns, progressistes et, pour d’autres, libéraux. Certains sont, parallèlement, conservateurs de par leur caractère et leur vision. C’est à cause de cet état de choses qu’il y a un choc d’idées et une confrontation des courants de pensée. Face donc à ce jeu dialectique des acteurs, J.M. Nintcheu, frondeur, actif et incisif, passe à la méthode forte et se positionne comme leader de l’autre faction qui, au terme de sa réunion du 13 mai, prend, en dehors de la décision d’organiser un congrès, d’autres mesures :
- L’homme politique demande aux militants et sympathisants de rester sereins face aux dérives de la branche collaborationniste et de garder foi en l’avenir.
- Regrette l’inaction incompréhensible qui résulte de l’absence de volonté politique du régime de M.Biya en ce qui concerne la résolution de la grave crise anglophone. Celle-ci ne cesse de s’enliser et a déjà fait des milliers de morts et des centaines de milliers de réfugiés et déplacés internes.
- Engage le mouvement de la refondation du parti à travers l’organisation du congrès ordinaire, moment au cours duquel les cadres et militants procéderont à la mutation du sigle du parti.
- Demande aux militants de ne prendre part à aucune festivité de la 51ème édition de la célébration de la fête de l’unité nationale le 20 mai 2023. Vu l’état des échanges conflictuels entre quelques membres du G27+, il n’est pas exclu que ces voix dissidentes s’accroissent de plus en plus dans les prochains jours et que d’autres acteurs entrent en scène dans le processus de l’accentuation de cette dissonance au sein du G27+.