Par Félix C. Ebolé Bola
L’Union européenne a fait part de son intention de se retirer de l’Accord de partenariat volontaire pour le commerce légal du bois (Apv), qui la lie au Cameroun depuis avril 2010, a-t-on appris vendredi de source introduite.
Si pour l’instant l’affaire relève encore du confidentiel, beaucoup, côté camerounais, susurrent de nombreux manquements de la part du gouvernement, susceptibles de compromettre la collaboration avec un marché qui reste la principale destination des produits à base de bois du pays.
Entre avril et mai 2014, une étude sur l’évaluation de la mise en œuvre du système de traçabilité du bois au Cameroun a été réalisée par Traffic, un réseau de surveillance du commerce des animaux et plantes sauvages, principale organisation non-gouvernementale s’occupant au plan mondial des espèces animales et végétales sauvages dans un contexte marqué à la fois par les nécessités de conservation de la biodiversité et du développement durable.
Entre autres failles dénoncées dans le système camerounais, l’enquête relevait l’insuffisance dans la sécurisation des documents officiels (copies de lettres de voiture, utilisation de lettres de voiture non conformes, etc.), dans la réconciliation entre les différentes bases de données existantes (manque de transfert de données entre les différents organes concernés par le contrôle), mais aussi dans la fiabilité des contrôles.
Au gouvernement camerounais, Traffic recommandait le renforcement des capacités techniques et matérielles du ministère des Forets et de la Faune (Minfof), pour une démarche vers l’opérationnalisation du système de traçabilité des bois (Stbc), la mise en place de réformes politiques visant à promouvoir le marché domestique.
Dans le même ordre d’idées, la partie camerounaise était appelée à renforcer la lutte contre la corruption dans le secteur forestier, suivant un engagement de haut niveau avec des investissements à long terme pour le développement des mécanismes d’élimination des opportunités de corruption, l’amélioration de la connaissance des textes relatifs au secteur forestier (en vue de susciter le changement de comportements des acteurs du secteur), la dotation aux fonctionnaires des eaux et forêts des outils d’accompagnement de la politique de lutte contre la corruption, sans oublier l’amélioration du système d’incitation au rendement.
Au Minfof même, les divers responsables interrogés ne cachent pas leur embarras quant à la suite des rapports avec l’UE, se bornant tout juste à souhaiter, fermement, la reprise d’un dialogue plus ou moins élaboré, de préférence avant la date de renouvellement tacite de l’Apv pour 7 nouvelles années, c’est-à-dire le 11 décembre 2025.
S’adressant récemment à des représentants de l’Union, le patron dudit département, Jules Doret Ndongo, insistait notamment sur
«le renforcement de la gouvernance forestière ainsi que la prise en compte de l’émergence de nouveaux instruments juridiques au plan international, et autres problématiques émergentes en matière de gestion forestière et de lutte contre le changement climatique».
Pour le Minfof, ce dialogue structuré doit se situer dans une approche gagnant-gagnant, et ne devrait pas être en dehors de l’Apv, ou du système opérationnel de vérification de la légalité et de délivrance des autorisations (Flegt).
N’envisageant pas l’éventualité de la suppression du marché intérieur du bois (Mib) dans le développement de l’APV et/ou du système de traçabilité, ainsi que proposé par le rapport de l’UE, Jules Doret Ndongo suggère plutôt la prise de dispositions, à très court terme, en vue de consulter les parties prenantes nationales, dans le cadre d’une session du Comité national de suivi de l’Apv.
Il s’agira alors, selon lui, de discuter sur la proposition de scenario possible à adopter par le Cameroun, permettant ainsi de mettre en avant l’un des piliers importants de la bonne gouvernance qui concerne les processus délibératifs et la participation.