Par Mon’Esse
Plusieurs journaux camerounais parus vendredi ont focalisé leurs principales manchettes sur le caractère de plus en plus insoutenable de la politique de soutien aux prix des carburants à la pompe et au gaz domestique, a-t-on constaté sur place.
Chacun à sa manière, la tonalité générale tendait à expliquer pourquoi les autorités ne pouvaient pas poursuivre dans cette logique, synonyme de suicide économique. Ces explications, qui en réalité font partie d’une vaste campagne médiatique destinée à préparer les esprits à la fin des subventions sur les carburants, sont appelées à se poursuivre et à s’intensifier.
Pour faire avaler la pilule, qui en réalité sera l’élément déclencheur d’une flambée générale des prix des produits de première nécessité, le régime de Yaoundé n’a pas mégoté sur les moyens. Dans chacun des départements ministériels directement concernés, un point focal a été créé en charge des relations avec les médias – audiovisuels, électroniques et sur papier.
De même, des éléments de langage ont été préparés à l’intention desdits médias. Selon un de ces documents, consulté vendredi par votre site, consiste à démontrer que les pouvoirs publics ne sauraient s’écarter d’une dynamique à caractère international. Lequel contexte oblige à pratiquer la vérité des prix du marché, et donc à laisser jouer la fluctuation.
Dans le même sillage, les médias ainsi encartés sont appelés à faire la démonstration de ce que les caisses publiques dépensent mensuellement. Des sommes qui seraient donc, en toute logique plus utiles si elles étaient injectées dans les circuits productifs, d’infrastructures ou encore converties à des envois monétaires aux ménages les plus fragiles.
Dans le même sillage, les médias ainsi encartés sont appelés à faire la démonstration de ce que les caisses publiques dépensent mensuellement. Des sommes qui seraient donc, en toute logique plus utiles si elles étaient injectées dans les circuits productifs, d’infrastructures ou encore converties à des envois monétaires aux ménages les plus fragiles.
Dans la même veine la «commande» gouvernementale exige qu’on vante les prouesses du pays dans le cadre de l’inflation, en comparaison de quelques pays développés aujourd’hui plus empêtrés encore dans les difficultés autour du pouvoir d’achat. Et, pour mieux asseoir l’argumentaire, il est fortement recommandé de mettre l’emphase sur la batterie de mesures prises ces derniers mois par les autorités en vue de contenir l’envoyée des prix, soulager la balance commerciale ainsi que les importateurs.
L’on note néanmoins que ce branle-bas de combat survient au lendemain de la publication, par le Fonds monétaire international (FMI), d’un communiqué relatif aux consultations de 2022 au titre de la seconde revue des accords au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) et du mécanisme élargi de crédit (MEDC. Pour cette institution les perspectives économiques du Cameroun pour 2022, bien que positives avec une croissance projetée à 3,8%, sont toutefois assombries par l’incertitude considérable découlant de la forte augmentation des prix internationaux des produits de base et en particulier du pétrole, des engrais et des denrées alimentaires. Une contingence accentuée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie ainsi que le resserrement des conditions sur les marchés financiers internationaux.
Le FMI juge que l’impact de la hausse des prix internationaux du pétrole sur le budget du Cameroun reste mitigé, l’augmentation des recettes pétrolières est plus que compensée par une hausse substantielle des subventions aux carburants estimées à 2,9% du produit intérieur brut (PIB), contre 0,5% en 2021. «Le coût élevé des subventions aux carburants serait difficile à maintenir dans le cadre des projections actuelles des prix internationaux du pétrole», note-t-il, estimant que la suppression progressive des subventions aux carburants devrait s’accompagner d’un renforcement substantiel du mécanisme de transfert social en espèces.
La suppression des subventions sur les carburants est donc actée, avec une entrée en vigueur qui n’est plus qu’une question de jours. La grande inconnue reste au niveau de son ampleur. Selon des sources introduites, le régime de Yaoundé entend procéder à une levée progressive de la mesure, en même temps qu’il prendra des mesures fiscalo-douanières pour alléger les coûts des importations des produits de première nécessité. Surtout, les autorités veulent éviter le remake du scénario de fin février 2008 lorsque, justement, une annonce de hausse des prix des carburants à la pompe avait dégénéré en graves «émeutes de la faim» à travers le Cameroun.