Par Sandra Embollo
Après des années de lutte antiterroriste au Mali,
« j’ai décidé, en coordination avec nos partenaires, d’officialiser aujourd’hui la fin de l’opération Barkhane »
a déclaré le président Macron ce mercredi à Toulon.
Le chef de l’État y voit une « conséquence » de l’évolution de la situation au fil des derniers temps, alors que les autorités actuellement en charge à Bamako travaillent avec le groupe paramilitaire russe Wagner.
L’annonce n’aura pas de conséquence immédiate. L’armée française a déjà quitté le Mali, en août dernier. Mais elle comprend encore 3 000 militaires déployés au Niger, au Tchad et au Burkina Faso.
À l’avenir, « nos interventions devraient avoir de meilleurs délais et dès le début. Nous ne voulons pas rester engagés pendant une durée illimitée dans des opérations extérieures », plaide Emmanuel Macron.
Notre soutien militaire aux pays africains de la région se poursuivra, mais selon les nouveaux principes que nous avons définis avec eux (…) Il se déclinera à l’échelle de chaque pays selon les besoins qui seront exprimés par nos partenaires.
Nos interventions doivent être mieux bornées dans le temps. (…) Nous n’avons en effet pas vocation à rester engagés sans limite de temps dans des opérations extérieures.
« Stratégie finalisée d’ici à six mois »
Le président français, qui s’est exprimé devant les hauts gradés des forces armées et des diplomates à bord d’un porte-hélicoptères, n’a pas annoncé de réduction immédiate des effectifs déployés.
Dans les prochains jours, a-t-il en revanche dit, des échanges seront lancés avec les nations africaines et les organisations régionales « pour changer le statut, le format et la mission » des bases françaises en Afrique.
Objectif désormais : continuer à agir en discrétion. « Nos soldats restent couverts, protégés, soutenus, administrés dans des conditions qui sont satisfaisantes ». La nouvelle stratégie en Afrique sera finalisée d’ici à six mois.
Elle devrait reposer sur une coopération plus étroite avec les armées africaines. « Nos engagements avec nos partenaires en Afrique seront axés sur une logique de coopération et de recours à leurs armes. »
Nous lancerons dans les prochains jours une phase d’échanges avec nos partenaires africains, nos alliés et les organisations régionales pour faire évoluer ensemble le statut, le format et les missions des actuelles bases militaires françaises au Sahel et en Afrique de l’Ouest.
Cette stratégie sera finalisée d’ici six mois (…). C’est indispensable et c’est une des conséquences que nous tirons de ce que nous avons vécu ces dernières années dans toute la région du Sahel.
« Des jeux de miroirs, des bots, des trolls »
Entre autres, le chef de l’État souhaite que « l’influence » soit érigée au rang de « fonction stratégique » en matière de défense, dans le contexte de durcissement de la lutte informationnelle dans le monde.
Face aux narratifs jugés hostiles à Paris, « nous ne serons pas des spectateurs patients », assure M. Macron. « Convaincre fait partie clairement des exigences stratégiques », estime-t-il, promettant des moyens substantiels.
Le chef de l’État déplore l’existence de « tout un bestiaire digital » dirigé par « nos rivaux pour contester notre sécurité et notre rayonnement et propager, outre de faux récits, un appétit de violence »…
Il faut savoir « détecter sans délai » ces formes de guerre hybride, les « entraver » et, « à notre tour, mais à la manière d’une démocratie, la devancer, en user à notre profit dans les champs numériques et physiques ».
On a assez vu comment en Afrique (…) souvent à l’instigation d’acteurs extérieurs, des récits malveillants s’implanter, être démultipliés par des jeux de miroirs, des bots, des trolls.
Une attitude qui serait seulement réactive, voire défensive pourrait passer pour une forme de passivité, ce ne sera pas la nôtre.