Propos recueillis par A.M., envoyé spécial à Bordeaux
Quel bilan faites-vous, 10 ans après le lancement de cette initiative ?
Au bout de 10 ans, les Journées nationales des diasporas et de l’Afrique ont marqué l’évolution de la question diasporique,d’abord en favorisant une prise de conscience de la diaspora africaine elle-même sur le sens et les formes de ses responsabilités, en aiguillant également l’évolution d’un certain nombre de politiques publiques et même privés puisque les États et les entreprises se sont emparés de cette question. Nous avons été les premiers à accélérer, en France notamment.
Est-ce qu’aujourd’hui, la perception que la France avait sur les diasporas africaines a changé ?
Oui je le pense. Oui je pense que cette perception a changé. La réalité aussi a changé. Il y’a encore des pas significatifs à accomplir. Mais ces dernières années, on a bien vu comment le gouvernement français, depuis quelques années, a souhaité mobiliser la diaspora pour essayer d’avoir son avis dans l’accompagnement d’un certain nombre d’initiatives publiques que ce soit à travers l’Agence française de développement ou dans le cadre de la politique du ministère des Affaires étrangères. Il reste sans doute beaucoup de choses à faire et je pense qu’il y’a quand-même une impulsion, un portage significatif, mais qui à mon avis reste insuffisant.
Quel regard sur la contribution des diasporas africaines sur l’essor de leurs pays ?
Ce qu’il faut rappeler quand-même c’est qu’historiquement, les diasporas africaines ont toujours eu un impact en fait sur le devenir de des États africains. Il y’a donc eu forcément une discontinuité et je dois dire que dans beaucoup de pays, les choses ont sérieusement bougé. Des politiques publiques ont été mises en place en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Maroc, dans beaucoup d’autres pays. Au Cameroun, il y a une volonté de faire les choses et il reste maintenant à accentuer cette volonté, à l’inscrire dans la durée et je pense qu’il y’a suffisamment d’énergie disponible pour accompagner cette volonté et je pense que le travail que fait par exemple le réseau des parlementaires de la diaspora (Rep-Cod)aujourd’hui, à travers l’honorable Louis Henri Ngantcha, est intéressant.
Je pense que la priorité est de travailler ensemble pour mieux canaliser le capital humain de la diaspora africaine. Il y’a une expertise, il y a un pouvoir d’achat, il y’a une capacité de faire, il y’a une capacité de mobilité. Je sais qu’aujourd’hui pour affronter un certain nombre de défis, les connexions entre les diasporas et les acteurs de changement sur le continent africain doivent se faire de plus en plus.
Pierre de Gaëtan Njikam : « la priorité est de travailler ensemble pour mieux canaliser le capital humain de la diaspora africaine »
« Fondateur des journées nationales des diasporas et de l’Afrique.»