Par Sandra Embollo
C’est donc un avertissement : l’agence de notation pourrait bien dégrader d’un cran la note de la France la prochaine fois. Car de nombreux signaux sont au rouge : à commencer par le déficit public, en plein dérapage depuis près d’un an, de 6% aujourd’hui, alors que l’Union européenne fixe comme règle un seuil de 3%.
Cette décision « reflète le risque croissant que le gouvernement français soit peu susceptible de mettre en œuvre des mesures qui empêcheraient des déficits budgétaires plus importants que prévu », a souligné Moody’s dans son communiqué.
Les deux autres grandes agences de notation (S&P et Fitch) donnent déjà à la France une note plus faible, l’équivalent d’un 17 sur 20. Le maintien de sa note par Moody’s est donc plutôt surprenant pour Eric Dor, directeur des études économiques à l’Ieseg School of Management.
C’est une surprise effectivement, parce qu’ils maintiennent un écart assez difficile à justifier par rapport aux deux autres grandes agences. Et de surcroît, ça contraste un peu avec le diagnostic qu’ils font au départ en disant eux-mêmes : “nous ne croyons pas à l’objectif que se fixe le gouvernement”.
Objectif de réduire à 5% le déficit public en 2025 puis à 3% à horizon 2029. Le Fonds monétaire international lui-même a rappelé cette semaine qu’il n’y croit pas non plus. Moody’s estime qu’elle pourrait dégrader la note de la France par exemple si la réforme des retraites adoptée l’an dernier était abrogée par le Parlement.
Le ministre français de l’Économie assure ce soir prendre note de la décision de Moody’s et estime que la France dispose de « forces économiques réelles » et qu’elle est « capable de mener des réformes d’ampleur », dans une réaction transmise à l’Afp.
« Certaines (réformes) ont déjà produit des résultats probants en matière d’emploi ou d’attractivité économique pour notre pays. C’est avec cette même énergie que le gouvernement agira pour le redressement de nos finances publiques », a assuré le ministre.