Par Joël Onana
La préfecture de police de Paris a interdit le rassemblement prévu par des syndicats aux abords du Stade de France samedi 29 avril au soir pour la finale de la Coupe de France de football à laquelle assistera le président Emmanuel Macron.
Une source policière a expliqué cette interdiction par plusieurs motifs : non-respect des délais pour déclarer un rassemblement (trois jours francs), possible perturbation d’une manifestation sportive avec l’annonce sur les réseaux sociaux de distribution de sifflets (les sifflets étant interdits dans les enceintes sportives pour ne pas perturber l’arbitrage) et souhait d’éviter toute politisation d’un événement sportif. L’intersyndicale de Seine-Saint-Denis a protesté, en jugeant cette “décision aussi ridicule que grave”, dans un communiqué diffusé vendredi soir.
“Ridicule de penser que l’on va pouvoir interdire, par des mesures autoritaires et bricolées, l’expression démocratique de la contestation contre la réforme des retraites”.
ajoute le regroupement de syndicats, ayant prévu la distribution de cartons rouges et de sifflets, samedi soir, aux spectateurs à la sortie du métro et Rer.
“Nous n’organisons pas une manifestation, nous ne faisons que du tractage”.
a déclaré à l’Afp le secrétaire départemental de la CGT, Kamel Brahmi, à l’initiative de la mobilisation interdite.
L’intersyndicale de Seine-Saint-Denis avait décidé de cette action pour protester contre l’adoption de la loi controversée de réforme des retraites et exprimer le mécontentement vis-à-vis du chef de l’État.
Gendarmes et policiers mobilisés
Kamel Brahmi a précisé à l’Afp que l’intersyndicale déposerait un recours devant le tribunal administratif dès notification de l’arrêté d’interdiction de la préfecture de police de Paris.
Emmanuel Macron a prévu d’assister, comme il est de coutume, à la finale de la Coupe de France de football qui va opposer Nantes à Toulouse samedi soir. Mais, selon une source proche du dossier, il ne descendra pas sur la pelouse pour saluer les joueurs avant le début de la rencontre. Aux abords du Stade de France, 3 000 policiers et gendarmes seront mobilisés.
Dans son arrêté d’interdiction, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez fait valoir que “le rassemblement” qui a été déclaré “dans un délai en violation avec l’exigence légale”, se tiendra “aux mêmes horaires et dans les mêmes lieux d’arrivée en transport en commun des supporters”.
Il explique que “compte tenu du nombre très important des supporters devant emprunter ces transports, évalué à plus de 70 000 personnes, et des problématiques sérieuses de gestion de foule induites”, ce rassemblement “ne peut qu’exposer les personnes à des risques pour leur sécurité, notamment en cas de mouvement de foule”.
Le préfet relève en outre qu’en voulant distribuer cartons rouges et sifflets à utiliser au Stade de France “en raison de la présence du président de la République”, les organisateurs “entendent importer, à l’intérieur du stade et durant la rencontre, leur manifestation revendicative en incitant les supporters à soutenir leur cause, en méconnaissance de tout esprit sportif”.
“Un tel projet est incompatible avec la destination finale du Stade de France”, ajoute Laurent Nuñez en assurant que des groupes de supporters “ont annoncé être opposés à toute forme de politisation du match”. Dans son arrêté, le préfet rappelle que “tous types d’instruments de musique, cornes de brume (…) est interdit par le règlement intérieur de la Fédération française de football (…) lorsque des rencontres sont organisées par cette fédération”.