Par Joël Onana
Toulouse, déchainé, a écrasé samedi 29 avril Nantes (5-1), englué dans cette fin de saison noire, et a remporté la 106e édition de la Coupe de France, dans une finale inattendue et dans une grande ambiance, loin de la tension sociale. Comme un symbole, la plus grosse défaite en finale de la Coupe de France, a été subie par les Canaris, en 1970 contre Saint-Étienne (5-0).
Désormais, Nantes, 16e de Ligue 1, craint une saison cauchemardesque avec la peur de la relégation, un an après avoir connu le bonheur d’un sacre en Coupe de France.
Survoltés en tribunes et sur le terrain : dans un stade de France rarement aussi bruyant (78 000 spectateurs) avec fumigènes, tifos et banderoles, les Violets ont mis d’entrée la pression aux Nantais, complètement débordés en défense en première période.
Ils ont logiquement ouvert le score sur un corner de Branco Van den Boomen tiré sur la tête de Logan Costa, qui s’est élevé plus haut que tout le monde et a facilement trompé Alban Lafont (4e). Les Toulousains ont doublé la mise quelques minutes plus tard, toujours grâce à Logan Costa, et toujours de la tête (10e). Un pari gagnant pour Philippe Montanier, le coach toulousain. Titularisé samedi, le Cap-Verdien n’avait jamais marqué. Aucun joueur n’avait inscrit un doublé aussi rapidement dans une finale de Coupe de France…
Face à des Nantais, impuissants qui n’ont quasiment jamais mis le pied sur le ballon pendant la première mi-temps à part une grosse occasion (12e), les Toulousains ont continué leur démonstration.
Sur une belle ouverture de Gabriel Suazo, Thijs Dallinga a piqué le ballon devant le gardien nantais (23e). L’attaquant néerlandais a encore un peu plus enfoncé les Canaris après une frappe de Farès Chaibi (31e). D’ailleurs les statistiques d’Opta le montrent : Toulouse est la première équipe à inscrire au moins quatre buts en première période d’une finale de Coupe de France depuis Lille contre Bordeaux en 1955.
La seconde période de cette affiche surprise entre ces deux formations de seconde partie de tableau a été beaucoup moins euphorique.
Poussés par le public jaune, les Nantais ont réduit le score sur un penalty (75e) transformé par Ludovic Blas. Mais juste après (79e), le Toulousain Zakaria Aboukhlal a remis une couche avec une belle frappe sous la barre transversale de Lafont. Les Violets ont été soutenus par leurs 22 000 supporters en fusion, 66 ans après l’unique titre de l’histoire de la ville, la Coupe de France 1957 obtenue à une époque où Toulouse jouait en rouge et blanc et vibrait surtout pour le rugby.
Ce titre fait d’ailleurs l’objet d’un différend entre le “Tfc”, qui compte ce trophée dans son palmarès, et la Fédération, qui attribue cette édition à un autre “Toulouse FC”, club disparu en 1967 avant de renaître sous un autre nom, l’US Toulouse en 1970. Cette victoire offre normalement un ticket pour la ligue Europa la saison prochaine. Mais si l’Ac Milan, qui possède le même actionnaire que Toulouse (le fonds d’investissement américain RedBird), se qualifie pour la Ligue des champions ou la C3, le “Téfécé” pourrait être privé d’Europe.
“Et ils sont là les Toulousains”, “qui ne saute pas n’est pas toulousain” ont chanté les Violets, pour certains accoudés sur les grilles hérissés de pics, après avoir déployé un magnifique tifo prémonitoire : “Ramenons-la sur la place du Capitole”.
Dans cette finale jouée dans un contexte de tension sociale, les encouragements sportifs ont complètement pris le pas sur la grogne sociale. Même la 49e minute est restée calme alors que les syndicats avaient appelé à siffler en rejet de la réforme des retraites.
Quasiment aucun carton rouge, distribués devant le stade mais confisqués par la sécurité, n’a été agité parmi le public. Juste avant la rencontre, Emmanuel Macron a salué les joueurs à la sortie des vestiaires. Sans aucune image sur les écrans du stade, le président a remis la coupe en tribune aux Toulousains, tout sourire.
Avec cette lourde défaite, le FC Nantes, qui avait remporté la Coupe l’année dernière contre Nice (1-0), sombre un peu plus en cette fin de saison. “L’heure de la retraite a sonné pour les Kita, le Fcn est à vendre” et “les Kita on n’en veut pas” ont brandi et chanté les Nantais.