Par Léopold DASSI NDJIDJOU
La dernière scène en date est la situation au pays d’Emmanuel Macron. Depuis quelques jours les rues françaises s’embrasent à la tombée de la nuit, les hordes de jeunes gens mènent des émeutes des plus violentes consécutivement à la bévue policière qui a coûté la vie à Nahel, un jeune Français d’origine algérienne à Nanterre. Depuis 2005, on n’avait pas vécu un tel pied de nez aux usages dans les pays démocratiques. En réalité, cette floraison de violences, à l’observation n’est que la suite aux différentes contestations de l’opposition et de la société civile à la loi sur la réforme de la retraite en France. Le gouvernement, pour éviter quelque surprise de mauvais goût dans sa volonté de faire passer ce texte, a dû recourir à l’article 49 (3), mettant de ce fait le parlement, et donc les partis politiques, out. Le feu dans les rues françaises est perçu par beaucoup comme une réponse du berger à la bergère sous le prétexte d’une bévue policière.
L’autre fait qui montre que la démocratie agonise à travers la planète, est venu de la Russie officiellement en opérations militaires en Ukraine. Mais par la dimension des dégâts sur le terrain, tout le monde a compris depuis qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’une guerre. A la surprise de tous, le chef du groupe paramilitaire Wagner, qui combat aux côtés de l’armée russe, s’est mutiné récemment et a décidé de marcher sur le Kremlin. Stupeur à Moscou et dans toutes les chancelleries à travers le monde. Qu’est devenue la démocratie russe pour qu’un soldat sur le champ de guerre décide de retourner l’arme contre le chef de l’exécutif ? Ceci a avait suscité lyre de la communauté internationale lorsqu’au Mali en 2012, les soldats sur le théâtre des opérations avaient décidé de retourner les armes pour déloger Ahmadou Toumani Toure (Att) avant de s’emparer du pouvoir. Dans cette avalanche de pieds nez à la démocratie, personne n’est à l’abri. Même aux Etats-Unis, on a vu Donald Trump qui avait pourtant perdu les élections, refuser les résultats. C’est avec beaucoup de réticences qu’il a quitté la Maison blanche. Bien plus encore, ses partisans ont fait usage de la force pour tenter de s’emparer du Capitole. Scandale, sacrilège impensables il y quelques années.
Cette situation antidémocratique n’a pas encore fini de plonger le pays de Joe Biden dans une phase délicate. De ce fait, toutes les poursuites contre Donald Trump qui a déjà annoncé sa candidature à la prochaine élection présidentielle, sont interprétées comme une sorte de chasse aux sorcières pour barrer la voie de la Maison Blanche au milliardaire. Cela aurait été peu de chose ou avoir moins de retentissement s’il n’y avait pas d’exemples similaires à travers le monde.
Au Brésil, un autre chantre de l’Extrême droite à l’image de Tromp, Jaïr Bolsonaro, a contesté l’élection de Lula da Silva. Dans la foulée, comme aux Etats-Unis, ses partisans ont envahi le palais présidentiel. Une sorte de tentative de coup d’Etat, de reprise en main de la situation. Comme aux Etats-Unis, Lula use de la justice pour le mettre définitivement hors course à une éventuelle élection présidentielle.
En Afrique, c’est le comble. Au fil des élections, les contestations sont si régulières et systématiques qu’on en vient à se demander à quoi servent en réalité les élections sur le continent francophone. Le Sénégal qui était l’un des ilots d’exception est entrain de vouloir intégrer les rangs des mauvais élèves, comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire et en Guinée.
En Afrique centrale, c’est l’Apocalypse démocratique car si la succession ne se fait pas de père en fils au sommet des Etats, l’opinion est servi des élections fortement contestées qui frisent les conflits ou par une alternance interdite. C’est ici qu’on répertorie les chefs d’Etat ayant mis le plus long temps au pouvoir. A côté de ces entraves, on constate une montée en puissance des coups d’Etat du fait des juntes militaires : le Mali, le Burkina Faso, la Guinée en Afrique de l’Ouest entre autres. Autant le dire, la démocratie va en vrille.