Par Sandra Embollo
L’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie, touchée par plusieurs journées d’émeutes, sera levé lundi à 20h00 (heure suisse, mardi 05h00 à Nouméa), a annoncé dimanche la présidence française, qui a également indiqué que 480 gendarmes mobiles allaient arriver en renfort sur l’archipel.
La levée de ces mesures d’exception doit «permettre les réunions des différentes composantes du Flnks (principale composante indépendantiste, ndlr) et les déplacements sur les barrages des élus ou responsables en mesure d’appeler à leur levée», a expliqué la même source dans un communiqué.
La situation reste difficile sur place, les forces de l’ordre peinant toujours à contrôler certains quartiers du Grand Nouméa. Et même si la nuit de dimanche à lundi a été relativement calme, l’aéroport international va rester fermé aux vols commerciaux au moins jusqu’au 2 juin.
Délai légal de 12 jours
L’état d’urgence avait été instauré le 15 mai (heure de Paris, le 16 à Nouméa), après des violences qui ont à date fait sept morts et dont le détonateur a été l’adoption à Paris d’une réforme prévoyant le dégel du corps électoral local, c’est-à-dire son élargissement aux personnes établies depuis au moins 10 ans. Les partisans de l’indépendance jugent que ce dégel risque de «minoriser» encore plus le peuple autochtone kanak.
Malgré des tensions encore vives, «le président a décidé pour le moment de ne pas reconduire l’état d’urgence. Celui-ci ne sera pas prorogé» au-delà de son délai légal de 12 jours, a souligné l’Élysée.
L’exécutif espère ainsi que ce desserrement des restrictions permettra un rétablissement du dialogue sur les nombreux barrages toujours en place, visant notamment le collectif indépendantiste Ccat (Cellule de coordination des actions de terrain) qui est à la pointe la contestation. Le Flnks (Front de libération nationale kanak et socialiste) a de son côté samedi renouvelé «son appel au calme» et demandé de «desserrer l’étau sur les principaux axes de circulation».
«Forces mobiles supplémentaires»
Car la levée de ces barrages est «la condition nécessaire à l’ouverture des négociations concrètes et sérieuses», a rappelé dimanche la présidence, alors qu’Emmanuel Macron a installé jeudi, lors de sa visite éclair à Nouméa, une mission de dialogue composée de trois hauts fonctionnaires qui ont commencé à tenir des échanges bilatéraux avec des parties prenantes, indépendantistes et non indépendantistes.
Cette mission «se tient prête à travailler avec les élus pour établir un accord global» autour du dégel du corps électoral, a insisté la présidence. Parallèlement, l’Élysée a annoncé l’envoi «dans les prochaines heures» de «7 unités de forces mobiles supplémentaires, soit 480 gendarmes mobiles». Au total, ce sont quelque 3500 effectifs qui sont déployés sur l’archipel où deux gendarmes sont morts durant les émeutes.