Par Sandra Embollo
Un agent du fisc a été tué mardi 22 novembre après avoir été séquestré avec une collègue dans le cadre d’un contrôle fiscal chez un brocanteur de Bullecourt (Pas-de-Calais), qui s’est ensuite donné la mort. «Cet homme faisait simplement son travail (…) Aujourd’hui, il n’est pas revenu. Il a été tué dans le cadre de ce contrôle fiscal», a affirmé le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, qui s’est exprimé en milieu de soirée devant le Sénat. La victime, un homme de 43 ans, était chef de brigade de vérification dans le Pas-de-Calais, a-t-il précisé.
Une inspectrice blessée
L’homme a été tué «de plusieurs coups de couteau», avait auparavant indiqué une source proche de l’enquête. «Une femme, inspectrice des impôts», a également été retrouvée au domicile du brocanteur, «ligotée sur une chaise et profondément choquée», a ajouté cette source. Le brocanteur s’est pour sa part «suicidé», a indiqué une deuxième source proche de l’enquête, selon laquelle l’agent des finances publiques et sa collègue ont été séquestrés au domicile du brocanteur. «Le mis en cause se serait donné la mort par arme à feu», selon le parquet. «Au moment de l’arrivée des gendarmes, les deux hommes étaient morts», a-t-elle précisé, soulignant que la gendarmerie avait été prévenue «par un témoin». La section de recherche de la gendarmerie des Hauts-de-France a été saisie.
Le brocanteur, divorcé et père de deux enfants, «était arrivé dans le village il y a quatre ans», a affirmé à l’Afp le maire du village, Éric Bianchin.
«Il avait acheté une ferme rue de Quéant, où il faisait des ventes chez lui. Il vidait les maisons, les vide-greniers et revendait chez lui»
a-t-il ajouté, les yeux humides derrière ses lunettes.
«C’est un petit village, tout le monde se connaît. Je n’ai jamais eu de problème avec lui, il était serviable, c’était une personne lambda. Il était intégré dans le village», a poursuivi le maire. Selon lui, les habitants «le voyaient très peu», car «il partait très tôt le matin pour son activité».
«Un drame innommable»
Les collègues de la victime, qui travaillait pour «la direction départementale des finances publiques (Ddfip) du Pas-de-Calais et plus largement tous les agents des finances publiques sont ce soir bouleversés et en deuil», a déclaré Gabriel Attal devant le Sénat, évoquant «un drame innommable». Il a indiqué qu’il se rendrait à la Ddfip d’Arras mardi matin. Il y est attendu à 11h30. «Ce soir, le service public a le visage de ce chef de brigade», a-t-il insisté, avant d’inviter à un moment de recueillement «en son hommage» dans l’hémicycle.
Appelés vers 19h00, les pompiers ont confirmé en début de soirée «deux décédés à Bullecourt et un blessé, sur le point d’être transporté», précisant que l’intervention était «toujours en cours». Vers 23h00, les gendarmes étaient encore déployés dans le village du Bullecourt, déserté en cette soirée, bloquant la rue du domicile du brocanteur, a constaté un journaliste de l’Afp. Le village de 250 habitants est situé au sud d’Arras. Le procureur de la république d’Arras devait publier un communiqué dans la soirée. Contactés par l’Afp, le maire de la ville, la préfecture et les gendarmes n’ont pas donné suite dans l’attente de cette communication du parquet.