Par Joël Onana
Le président de la Rdc est déjà venu à Paris, dans la cadre d’une visite de travail en 2019 où lors de grandes réunions ou de grands événements internationaux, mais jamais en visite officielle, le niveau d’accueil situé juste avant la visite d’État. Pour ces deux jours, lundi et mardi, il s’agit de « rendre la pareille » après le voyage du président français Emmanuel Macron, à Kinshasa, en mars 2023, dans la cadre d’une tournée en Afrique centrale.
Une visite préparée depuis plusieurs semaines. Plusieurs ministres congolais, notamment celui des Finances, ou des Affaires étrangères, sont venus en amont pour poser les bases de ce voyage qui s’articule autour de grands axes : la diplomatie et l’économie.
L’agression rwandaise
La diplomatie sera au cœur de plusieurs temps forts de ce voyage. Lundi, le président congolais doit s’entretenir avec des députés et des sénateurs français aux sièges des deux chambres. Et mardi matin, c’est à l’Élysée qu’il rencontre son homologue français. « Il continuera son travail de plaidoyer pour l’est du pays », insiste un proche de la présidence.
La situation sécuritaire sera au cœur de ces deux séquences et surtout le conflit dans la province du Nord-Kivu qui oppose les forces armées congolaises et leurs alliés au groupe armé du M23 soutenu par l’armée rwandaise. « La France doit clarifier sa position quant à l’agression rwandaise », explique Giscard Kusema, directeur adjoint de la communication de la présidence. « On attend plus du côté de la France, ajoute-t-il. Sinon la RDC prendra ses responsabilités pour aller chercher d’autres partenaires ».
Séduire les petites et moyennes entreprises
Le volet économique prend la forme d’une table ronde organisée par le Mouvement des entreprises de France (Medef). En mars 2023, à Kinshasa, le président Macron était accompagné de plusieurs opérateurs économiques, un premier forum, celui de Kinshasa avait eu lieu, des contacts avaient été pris. Il s’agit désormais de transformer l’essai.
Des responsables d’entreprises congolaises, mais aussi d’agences de l’État, sont déjà présents à Paris pour porter un message : « C’est le moment d’investir en Rdc. » Plusieurs domaines potentiels : l’agriculture avec 4 millions d’hectares de terres arables, l’énergie avec 100 000 mégawatts annuels, mais aussi un marché énorme de 100 millions d’habitants, le plus grand marché de l’espace francophone.
D’autant plus que la France a du retard. Selon les chiffres de l’Agence nationale pour la promotion des investissements (Anapi), seules 43 entreprises françaises ont été agréées à son niveau entre 2003 et 2022. « Mais la France a un défaut, confie un patron congolais. Elle pense d’abord à ses grands groupes alors que la Rdc, c’est une opportunité surtout pour les Pme-Pmi. Ce sont les entreprises qui créent le plus d’emplois, de valeurs et qui occupent l’espace de manière plus cohérente ».