Avec Afp
« Elle est belle la justice ! » se sont écriés des proches de la victime, Henri Lenfant, membre de la communauté des gens du voyage. La colère s’est muée en manifestation spontanée en dehors du tribunal, avec des larmes, des cris, des insultes, des menaces. Adultes et enfants ont participé à des dégradations mineures, renversant des poubelles et brisant des objets appartenant à des commerçants.
« Mon client est soulagé. Maintenant on va attendre l’expiration du délai d’appel »,
a réagi Sébastien Busy, l’avocat de l’accusé, Alexandre B., à l’issue de l’audience.
Deux ans de prison avaient été requis
L’avocat général avait requis deux ans d’emprisonnement à son encontre. « Ce procès, c’est avant tout celui d’un homme qui a manqué à la devise du GIGN s’engager pour la vie », avait-il lancé. « Pour moi, il n’y a pas de légitime défense », avait-il poursuivi, estimant que le geste du gendarme ne relevait pas de l’« absolue nécessité ».
Alexandre B., alors chef de groupe d’une unité au GIGN de Reims, était poursuivi pour « violence d’une personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner », des faits passibles de 20 ans de prison.
Le soir du 28 septembre 2018 à Fouquières-lès-Lens, son escouade, appelée en renfort par la gendarmerie d’Arras dans le cadre d’une enquête sur des cambriolages, tente d’interpeller trois personnes dans une voiture, membres de la communauté des gens du voyage. Alors que les passagers réussissent à prendre la fuite, le conducteur, Henri Lenfant, reste au volant, moteur éteint, non armé.
Les gendarmes essayent de l’extirper du véhicule, mais il refuse de sortir. Côté passager, portière ouverte, Alexandre B. tire le frein à main, à genoux sur le siège passager et s’applique, en vain, à retirer les clés du contact.
« Mon souhait n’était pas de tuer la personne mais de sauver ma vie »
Henri Lenfant redémarre la voiture et accélère. Alexandre B., toujours à genoux sur le siège passager, extrémité des jambes dans le vide, s’acharne à rester dans le véhicule. Se sentant en danger, il sort son arme et tire, atteignant le jeune homme à la nuque. « Mon souhait n’était pas de tuer la personne mais de sauver ma vie », a-t-il déclaré lundi.
La présidente de la cour criminelle a souligné lors des débats que l’interpellation visait des suspects considérés comme violents, avec des comportements dangereux, prêts à tout pour échapper à leur arrestation.
L’avocat général avait aussi requis cinq ans d’interdiction de détenir une arme, ainsi que l’inéligibilité, qui pouvait empêcher Alexandre B. d’exercer son métier.