Par Gabrielle Mekoui
A cette allure, les populations ont peur de faire face à une crise du pain dans le pays. Pourtant le pain constitue une denrée dont raffole la majorité de la population. Pour justifier cette absence, des voies autorisées invoquent la guerre entre l’Ukraine et la Russie ayant provoqué la pénurie de farine dont le principal intrant est le blé. D’autres parlent de surenchère faite par les opérateurs économiques «afin d’en tirer le maximum de profit». Toujours est-il que la population paie le prix fort.
La population ne sait plus à quel saint se vouer, la vie est de plus en plus chère. Tout a quasiment augmenté de prix (les produits de première nécessité tels que de l’huile de cuisson, du riz, du savon, de la sardine…). Quand au prix de la baguette de pain de 200g, il oscille entre 150 Fcfa et 200 Fcfa selon la localité.
Faute d’approvisionner les épiceries des quartiers, on assiste à des longs rangs devant les boulangeries. Et pour pouvoirs satisfaire le plus grand nombre, les boulangers ont décidée de ventre de façon rationnelle, c’est-à-dire entre huit et dix baquettes de pains par personne ; avance un boulanger de Nzeng-Ayong, dans le 6e arrondissement de Libreville.
Cette pénurie a entrainé la hausse des prix du sac de farine de blé.
«Un sac de farine coutait 17 000 Fcfa en temps normal et les grossistes le revendaient à 16 200 Fcfa. Aujourd’hui, le sac de farine de 50 kg se négocie à plus de 30 000 Fcfa»,
avance une vendeuse de beignets.
Sans compter de nombreux boutiquiers qui se voient refuser des livraisons de pains par certaines boulangeries. Ces dernières donnent comme raison, elles ne livrent qu’à leurs clients fidèles en temps de crise.
« J’ai essayé de me ravitailler dans d’autres boulangeries. Malheureusement, elles ont refusé de servir étant donné que je ne suis pas leur client habituel. Ces boulangeries privilégient leurs clients fidèles en attendant que le problème de la pénurie soit réglé »,
explique Karim Traoré, un tenancier d’une petite alimentation au quartier Bel Air à Libreville.
Sur les raisons de cette pénurie de farine et de pain, certains commerçants accusent la guerre en Ukraine, tandis que d’autres portent un doigt accusateur sur les producteurs de farine tels que le Complexe agro-industriel du Gabon (caig), filiale du groupe Foberd, spécialisée dans la production de farine de blé, de semoule de blé, ainsi que la Société meunière et avicole du Gabon (smag).
«On sait comment ça se passe. Ils gardent la farine pour provoquer la pénurie et augmenter les prix»,
explique un boulanger courroucé.
Par contre, le directeur général de la Société meunière et avicole du Gabon (Smag), Bruno Lardit, a indiqué que son entreprise
«dispose de suffisamment de stock de blé pour couvrir l’intégralité du marché national».
Pour lui,
«les carences rencontrées par certaines boulangeries et le manque de pain y relatif, sont plutôt la conséquence d’un défaut, voire d’un arrêt des approvisionnements de farine de la part d’autres fournisseurs que la Smag».