Par Julie Peh
Nana Akufo-Addo a déclaré qu’il n’approuverait pas un texte anti-gay tant que la Cour suprême n’aurait pas statué sur son cadre légal. Déclaration qui intervient après les avertissements du ministère ghanéen des Finances. Celui-ci a affirmé lundi que le pays pourrait perdre des milliards de dollars de financement de la Banque mondiale, si le projet de loi était promulgué. L’on parle d’une perte d’au moins 4 milliards de dollars dont le Ghana bénéficie de la part du Fond Monétaire Internationale. Un soutien au budget du pays étalé sur trois ans depuis seulement l’an dernier. Les prochains versements risquent alors d’être compromis, à en croire le ministre des Finances.
Le Ghana traverse une période économique des plus difficiles de son histoire depuis plusieurs années avec une inflation qui frôle les 25 %. Il avait atteint un pic historique de 54 % en décembre 2022. Le cedi ghanéen, lui, peine à reprendre de sa valeur face au dollar. De quoi donner du crédit à l’argument du ministre des Finances face à ce texte. Le projet de loi prévoit trois ans de prison pour s’être identifié comme Lgbtq+ et de cinq ans pour en avoir fait la promotion. Les groupes de défense des droits de l’homme se sont adressés aux tribunaux avant même le vote du Parlement.
La nouvelle loi proposée a été soutenue par les deux principaux partis politiques du Ghana, mais ne peut être appliquée sans l’approbation du président. Il a été largement condamné par le Royaume-Uni et les États-Unis. Les groupes de défense des droits l’ont qualifié de régressif. Nana Akufo-Addo avait précédemment déclaré qu’il le signerait si la majorité des Ghanéens le souhaitaient. Mais il chercherait désormais à assurer la communauté diplomatique que le Ghana est déterminé à défendre les droits de l’homme.
Le président a reconnu que le projet de loi avait « suscité des inquiétudes considérables dans certains milieux de la communauté diplomatique et parmi certains amis du Ghana, car elle pourrait ternir le long palmarès positif du pays en matière de respect des droits de la personne et d’attachement à la primauté du droit”.