Par Arlette Akoumou Nga
Un opposant politique en Guinée équatoriale, disposant aussi de la nationalité espagnole, est décédé dans une prison de ce pays, où il était détenu depuis son enlèvement présumé, fin 2019 au Soudan du Sud, ont annoncé lundi 16 janvier son mouvement, Malabo et Madrid.
Julio Obama Mefuman, 51 ans, est mort dans la prison d’Oveng Azem, à Mongomo, dans l’est de ce petit pays d’Afrique centrale au régime autoritaire, a affirmé dans un communiqué le Mouvement pour la libération de la troisième république de Guinée équatoriale (Mlge3R), en exil en Espagne. Le Mlge3R, qui accuse le régime équato-guinéen d’avoir « torturé » M. Obama Mefuman ainsi que trois autres opposants arrêtés fin 2019 avec lui, ne précise pas la date ni les circonstances de sa mort.
Il « est décédé dans un hôpital de Mongomo des suites d’une maladie », a affirmé sur Twitter le ministre équato-guinéen des affaires étrangères, Simeon Oyono Esono Angue. Sur Twitter, Andres Esono Ondo, chef de file de Convergence pour la démocratie sociale (Cpds), seul parti d’opposition qui ne soit pas interdit, a condamné « la mort en détention de Julio Obama ».
Ce décès survient deux semaines après l’annonce par la justice espagnole de l’ouverture d’une enquête à Madrid pour l’« enlèvement » et la torture de Julio Obama Mefuman et d’un autre opposant, lui aussi de nationalité espagnole, Feliciano Efa Mangue. Cette procédure vise trois proches du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, dont l’un de ses fils, Carmelo Ovono Obiang, chef du renseignement extérieur.
Les trois hommes, présentés comme des hauts responsables de la sécurité, sont soupçonnés d’avoir organisé fin 2019 l’enlèvement au Soudan du Sud de ces deux opposants et de deux autres, équato-guinéens, qui vivaient eux aussi en Espagne. Selon le quotidien espagnol El Pais, qui a eu accès à des rapports de la police espagnole, ces quatre opposants auraient été rapatriés de force à Malabo, où ils auraient été soumis à des séances répétées de torture en présence des trois hauts responsables visés par l’enquête.
Le président Obiang « doit s’assurer qu’une enquête urgente et indépendante soit ouverte sur la mort » de M. Obama Mefuman, a écrit lundi soir Amnesty International dans un tweet, appelant Malabo à « faire respecter le droit des prisonniers à être traités avec dignité […] sans être torturés ni avoir à subir d’autres mauvais traitements ». Après l’annonce de l’enquête espagnole, le vice-président et tout-puissant fils du chef de l’Etat, Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé « Teodorin », avait accusé Madrid d’« ingérence », qualifiant les quatre opposants de « terroristes ».