Par Sandra Embollo
Dès son arrivée, le président américain a dit que s’il a tenu à faire le déplacement, c’est pour montrer le soutien inconditionnel des États-Unis à l’État d’Israël : « J’ai voulu être ici aujourd’hui pour une raison simple : pour que le peuple israélien et le monde entier sachent de quel côté nous sommes. »
Au nom du peuple américain, il a présenté ses condoléances à Benyamin Netanyahu et s’est lancé dans une comparaison osée entre le Hamas et le groupe État islamique : « Ils ont commis des atrocités qui d’une certaine manière font passer le groupe État islamique pour une organisation plus équilibrée. »
Vous n’êtes pas seuls, Joe Biden aux israéliens. Les États-Unis sont avec vous. Et il martèle à deux reprises les valeurs communes aux deux pays : la liberté, la justice et la paix. Un message clair adressé à Netanyahu. Ce dernier le souligne : c’est une guerre pas comme les autres car le Hamas est un ennemi pas comme les autres. C’est cette organisation qui doit être tenue responsable de la mort de tous les civils, dit encore le Premier ministre israélien.
Joe Biden ajoute qu’Israël doit répliquer à l’attaque du Hamas et que les États-Unis vont continuer de fournir à l’État hébreu les moyens de se défendre. Et le président américain de prendre position sur le sujet qui a embrasé le Proche-Orient depuis mardi soir, l’explosion qui a causé la mort de plusieurs centaines de personnes à l’hôpital de Gaza : « Je suis profondément attristé et meurtri par l’explosion survenue à l’hôpital de Gaza hier… D’après ce que j’ai pu voir, il semble qu’elle ait été causée par les gars d’en face, pas par vous ». Des déclarations qu’il a appuyées un peu plus tard dans la journée, expliquant que sa certitude que le tir ne provient pas d’Israël provient de « données montrées par (son) département de la Défense ».
L’armée israélienne dément toute implication. Ce mercredi matin, son porte-parole s’est présenté devant les journalistes, carte satellite à la main. Il avance que l’explosion n’a pas causé de dommages aux bâtiments voisins de l’hôpital et qu’aucun cratère pouvant être associé aux traces d’une frappe aérienne n’a selon lui été repéré sur le site du drame. D’après lui, si le Hamas a si vite désigné Israël comme responsable, c’est que sa communication était préparée. Il répète que les services de renseignement israéliens auraient des preuves liant la déflagration au défaut d’une roquette tirée par le Jihad islamique, une faction palestinienne, qui aurait causé le drame.
Le bilan, encore provisoire, est lui aussi controversé. Le ministère de la Santé contrôlé par le Hamas estime qu’au moins 500 personnes ont été tuées, en majorité des femmes et des enfants, et qu’un nombre de corps très important reste enseveli sous les décombres. Car cet hôpital situé dans le centre de Gaza et chapeauté par l’Église épiscopale de Jérusalem hébergeait des milliers de Palestiniens cherchant à fuir les bombardements massifs qui visent l’enclave depuis une dizaine de jours. L’État hébreu rétorque que ces chiffres sont exagérés. Une cérémonie mortuaire est prévue aujourd’hui en hommage aux victimes de l’explosion.
Un couloir humanitaire à Gaza ?
L’heure est maintenant au moment fort de cette visite : la réunion du cabinet de guerre israélien avec le président américain. Joe Biden, affirme son entourage, est venu poser des questions difficiles sur la gestion de cette campagne militaire. Ses limites et aussi l’ouverture au plus vite d’un couloir humanitaire dans la bande de Gaza et également la question des otages retenus dans l’enclave palestinienne.
Le président américain doit s’envoler à 12h TU très précisément. Auparavant, il va rencontrer les familles des otages. Et il faut le souligner, la visite se déroule, à ce stade du moins, sans attaques de roquettes en provenance de Gaza.
Une visite sous haute sécurité
Ce que veut à tout prix éviter le Secret Service, c’est ce qui est arrivé à Olaf Scholz mardi. Le chancelier allemand venait d’embarquer à bord de son avion à l’aéroport de Tel-Aviv pour rentrer à Berlin quand une alerte aérienne a retenti. Olaf Scholz, ses conseillers et les médias qui l’accompagnaient ont dû sortir au plus vite de l’appareil. Certains journalistes ont filmé la scène : on les voit se coucher sur le tarmac de l’aéroport pendant que le système de défense israélien neutralise un tir de roquette. Olaf Scholz lui a été évacué dans un abri et tout le monde a pu décoller quelques minutes plus tard.
Pour Joe Biden, l’atterrissage s’est bien passé. Son avion est l’un des plus sécurisés au monde, son service de sécurité s’est préparé à cette visite. Et ses déplacements seront limités. Le président américain n’est censé rester que quelques heures en Israël. Il ne dort pas sur place, ce qui facilite sa protection. Son programme est tenu secret. Et selon certains experts cités par le Washington Post, sa visite à Kiev en février dernier était beaucoup plus dangereuse au vu des capacités militaires de la Russie.