Par Sandra Embollo
Le parti Likoud de l’ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu est arrivé en tête des législatives israéliennes selon des sondages mardi 1er novembre à la sortie des urnes, mais l’incertitude demeure sur sa capacité à rallier une majorité avec ses alliés des partis religieux et de l’extrême droite.
Selon les sondages actualisés dans la nuit de mardi à mercredi par trois grandes chaînes israéliennes, le parti de Benjamin Netanyahu est crédité de 30 ou 31 sièges, sur les 120 du Parlement, devant la formation Yesh Atid du Premier ministre sortant Yaïr Lapid qui récolterait entre 22 et 24 sièges.
Suivent ensuite neuf partis, dont l’alliance d’extrême droite “Sionisme religieux” de Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir avec 14 sièges, et le parti de centre-droit de l’ex-chef de l’armée Benny Gantz, crédité de 11 à 13 sièges.
Avec ses alliés, le Likoud de Benjamin Netanyahu compterait 61 ou 62 sièges, obtenant la majorité. Mais ces scores pourraient changer à l’annonce des résultats officiels, notamment en fonction des sièges remportés par les petits partis.
“J’ai de l’expérience, j’ai fait quelques élections, nous devons attendre les résultats définitifs mais notre chemin, celui du Likoud, a prouvé qu’il était le bon, nous sommes près d’une grande victoire”, a lancé dans la nuit Benjamin Netanyahu à ses partisans réunis à Jérusalem. “Nous ne connaissons pas encore les résultats mais si les résultats sont comme ceux des sondages ce soir, je formerai un gouvernement national pour tous les citoyens d’Israël”, a ajouté Benjamin Netanyahu.
“Tant que le dernier bulletin de vote n’est pas compté, rien n’est joué. Nous attendrons patiemment, même si nous n’avons pas de patience, les résultats finaux”, avait déclaré un peu plus tôt le Premier ministre sortant Yaïr Lapid lors d’un rassemblement de ses partisans à Tel-Aviv.
Un ancien du Likoud, l’actuel ministre de la Justice Gideon Saar, a prévenu du risque de voir Israël se diriger vers une “coalition d’extrémistes” menée par Benjamin Netanyahu et ses alliés.
“Montée de l’extrémisme”
“La majorité de la population a prouvé que la droite doit être au pouvoir”, a déclaré de son côté Yossef Wiezman, 22 ans, un partisan de Benjamin Netanyahu surnommé “Bibi”, lors d’un rassemblement du Likoud où la foule a scandé en hébreu “Bibi hozer” (“Bibi revient”).
“Les gens veulent marcher en sécurité dans les rues, que nos soldats et policiers ne soient pas pieds et poings liés”, a déclaré Itamar Ben Gvir, réitérant ainsi son appel à user de la force, notamment contre les Palestiniens à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée.
Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a dénoncé pour sa part une “progression des partis religieux d’extrême droite” lors de ces élections, témoignant selon lui “de la montée de l’extrémisme et du racisme dans la société israélienne” dont le peuple palestinien “souffre depuis des années”.
Dans le système proportionnel israélien, une liste électorale doit obtenir au moins 3,25 % des voix pour entrer au Parlement avec ainsi un minimum de quatre sièges, une situation particulièrement critique pour les partis de la minorité arabe israélienne.
En 2020, les partis arabes, hostiles au bloc de droite de Benjamin Netanyahu, avaient récolté un record de 15 sièges après une campagne dynamique sous une seule bannière. Mais cette fois, ils se sont présentés en ordre dispersé sous trois listes : Raam, Hadash-Taal (laïc) et Balad (nationaliste).
Selon les sondages à la sortie des urnes, les partis Raam et Hadash-Taal devraient passer les 3,25 %, tandis que la formation Balad flirte quant à elle avec ce minima. Si elle l’atteignait, cela retirait des sièges au “bloc de droite” de Benjamin Netanyahu avec le risque pour ce dernier de ne pas être en mesure de former un gouvernement.
“Nous sommes confiants d’atteindre ce seuil”, a indiqué la formation Balad dans un communiqué, affirmant avoir constaté une hausse de participation des électeurs arabes dans les dernières heures avant la fermeture des bureaux de vote.
Yohanan Plesner, directeur de l’Institut démocratique d’Israël, un centre d’analyse à Jérusalem, rappelle par ailleurs qu’il y a eu “des décalages” entre les sondages “et les résultats réels lors des derniers cycles électoraux”.
Forte participation
Les Israéliens se sont pressés dans les bureaux de vote pour ces cinquièmes législatives en l’espace de trois ans et demi, avec en toile de fond un Benjamin Netanyahu, accusé de corruption par la justice, qui veut signer son grand retour aux affaires.
La classe politique a multiplié les appels à voter aux 6,8 millions d’électeurs inscrits, ce qui semble avoir porté ses fruits avec un taux de participation de 71,3 %, le plus élevé depuis 2015, selon la commission électorale.
Face au “bloc de droite” de Benjamin Netanyahu, Yaïr Lapid, 58 ans, dirigeant du parti Yesh Atid (“Il y a un futur”) et chef d’une coalition unique dans l’histoire d’Israël car réunissant des formations de gauche, du centre, de droite et un parti arabe, avait tenté de convaincre que le cap donné ces derniers mois devait être maintenu.
Sa “coalition du changement” avait chassé du pouvoir Benjamin Netanyahu en juin 2021 avant de perdre sa majorité parlementaire un an plus tard, précipitant ce cinquième scrutin depuis le printemps 2019.