Avec Reuters
Avec un gouvernement israélien qui vient de tomber et une campagne électorale qui commence, il y a beaucoup d’incertitude pour les partenaires d’Israël. La rencontre en Arabie Saoudite avec plusieurs pays arabes marque un retour à la realpolitik mais sans résultats clairs en vue.
La question même de la priorité énergétique et de l’augmentation de la production de pétrole par les pays du Golfe n’est pas claire ?
Biden aimerait bien que les pays du Golfe augmentent leur production pour calmer les prix et faire face à l’échéance électorale des midterms, mais les Américains semblent résignés face aux plafonds de production et à l’insistance des pays du Golfe à respecter l’accord Opep + avec la Russie. Les augmentations à venir seront vraisemblablement limitées et sont déjà prises en compte par les marchés.
Les relations entre Américains et «alliés» arabes du Golfe sont-elles fragilisées ?
La «neutralité» revendiquée par les pays du Golfe et la convergence entre Arabie Saoudite et Russie sur le pétrole affaiblissent-elles l’alliance avec les Etats-Unis ?
Il y a certes un désir d’autonomie de la part de l’Arabie Saoudite, mais les Etats-Unis restent le seul partenaire possible pour leur défense. Les pays du Golfe ont besoin des Américains pour leurs systèmes de défense régionaux et pour maintenir un équilibre régional. Mais la relation devient plus transactionnelle et plus cynique. Les ambitions initiales de Biden pour un agenda plus axé sur les droits de l’Homme passent à la trappe. Il veut garder ses distances au niveau personnel, tout en maintenant la relation au niveau stratégique et économique.
La possibilité d’un «Otan arabe» évoquée par certains pays de la région ou d’un axe anti-Iran pourrait-elle se concrétiser ?
Les Etats-Unis aimeraient bien avancer sur cette voie, mais ils savent que c’est très difficile à mettre en place opérationnellement. Plutôt qu’une alliance formelle sur le modèle Otan, il est possible de renforcer les systèmes de défense, en particulier avec l’accroissement des échanges d’informations, la coopération en termes de systèmes de défense antiaérien et dans le domaine maritime. Des garanties formelles de sécurité restent très improbables.
En plus des droits de l’Homme, l’administration Biden ne cherchait-elle pas aussi à corriger l’Arabie Saoudite sur la guerre au Yémen ?
Il y a un an, le Yémen était la question phare à Washington. Entretemps, on a fait le constat que l’Arabie Saoudite avait modéré son approche et cherchait une porte de sortie. Il y a plutôt aujourd’hui une convergence entre Américains et Saoudiens, en partie parce que Washington s’est aperçu que les rebelles houthis étaient à la base du blocage politique.