Par Julie Peh
Alors qu’il a battu le président sortant, George Weah lors du second tour des élections de novembre, Joseph Boakai a prêté serment pour prendre la place de Weah et devenir officiellement chef de l’Etat ouest africain. Dans son discours d’investiture, il a indiqué que « les élections sont terminées, la partisanerie doit céder la place à la marche en avant du Libéria ». Le nouveau chef d’État, âgé de 79 ans, doit être investi lors d’une cérémonie à partir de 10H00 (GMT locales) dans la cour du Parlement, en présence de délégations étrangères dont des chefs d’État, selon un programme officiel. Le vétéran de la politique libérienne, vice-président de 2006 à 2018 sous la présidence de Ellen Johnson Sirleaf et serviteur de l’État pendant plus de 40 ans, a remporté au second tour la présidentielle en novembre, avec 50,64% des voix, contre 49,36% pour son adversaire. Le scrutin a été pacifique, dans une Afrique de l’Ouest où la démocratie a été malmenée ces dernières années par une succession de coups d’État militaires (Mali, Burkina, Guinée, Niger). Georges Weah qui avait battu ce même adversaire en 2017 au second tour, a reconnu sa défaite avant l’officialisation de sa victoire, s’attirant des louanges internationales.
Il va entrer en fonction alors que le pays ouest-africain de cinq millions d’habitants, en quête de stabilité après des années de guerres civiles et une épidémie d’Ebola, est confronté notamment à la corruption et à un niveau élevé de pauvreté. Joseph Boakai s’est durant les élections allié à des barons locaux, comme l’ancien chef de guerre Prince Johnson, qui avait soutenu George Weah en 2017 et qui bénéficie toujours d’un fort soutien dans sa province de Nimba (nord-est). Prince Johnson, qu’une vidéo montra en train de siroter une bière pendant que ses hommes torturaient à mort le président Samuel Doe en 1990 et qui est sous sanctions américaines pour corruption, a placé l’un de ses hommes, Jeremiah Koung, au poste de vice-président dans le nouveau mandat.
« Les attentes sur la présidence de Boakai sont élevées en raison de son expérience de l’État, de sa réputation de probité et de quelqu’un qui a essayé de vivre de la plus simple des manières », a declaré, un ancien élu local dans le comté de Nimba. « Tous les dirigeants (libériens) ont promis de réprimer la corruption et d’améliorer les conditions économiques (des populations) mais ont échoué à le faire. Il (Boakai) doit faire la différence », a indiqué l’analyste Abdulla Kiatamban du Geo Baraka group of strategists, un groupe de conseil. D’un autre côté, une baisse des prix de produits comme l’essence et le riz est attendue, declare John Kollie, le chef de l’Ong Liberia Media for democratic initiatives. Le président élu avait appelé les Libériens à s’unir comme un seul peuple pour reconstruire notre pays », dans une rare déclaration publique, fin novembre, après son élection. Il avait promis « d’étendre le développement à l’ensemble du pays », en construisant notamment des routes dans la région du sud-est, « négligée depuis des années ».
Comme durant sa campagne, Joseph Boakai a rappelé que la lutte contre la corruption sera l’un de ses combats et indiqué qu’il allait mettre en place un plan pour une transition « douce et pacifique ». Il a aussi dit qu’il mènerait une réforme « radicale » de la sécurité et de la justice et ferait respecter l’État de droit. Pour sa part, le président sortant Weah a annoncé tirer un trait définitif sur la présidence. Âgé de 57 ans, il a invoqué son âge en 2029, date de la prochaine présidentielle. « J’ai 57 ans et l’âge de la retraite est fixé à 65 ans (au Liberia). Dans six ans, j’aurai 63 ans et je ne pourrai pas travailler pendant deux ans seulement », a-t-il dit.