Par Mon’Esse
«Monsieur Emmanuel Macron, président français, le mouvement Febiste vous souhaite la bienvenue dans notre très beau pays» ; «Franck Emmanuel Biya : je suis l’homme de la situation. Je ferai du Cameroun un pays prospère. Tout est possible».
Le premier message, estampillé «MCE/FEB», est gravé sur une banderole tenue par deux individus sur un trottoir non identifié. L’autre slogan apparaît sur un fond bleu azur. Les deux affichent le portrait serein de Franck Emmanuel Biya avec ses inséparables lunettes à fine monture, un demi-sourire aux lèvres.
Ils remettent, surtout au goût du jour la rumeur prêtant au chef de l’Etat camerounais, Paul Biya bientôt nonagénaire, en poste depuis début novembre 1982, l’intention de passer le flambeau à son fils aîné à la tête du Cameroun. Surtout, cette campagne survient juste à la veille de la visite à Yaoundé du président français. Le scénario serait presque complet si l’on rappelait des rumeurs, relayées par des médias occidentaux affirmant que Franck Emmanuel Olivier Biya a, dans la plus grande discrétion, été aperçu voici peu dans les couloirs de l’Elysée.
A en croire des sources introduites en effet, Emmanuel Macron n’aurait accepté l’invitation de son homologue camerounais qu’à condition que la succession à la magistrature suprême à Yaoundé, sujet tabou s’il en est, soit clairement évoqué pendant leur tête à tête.
Doit-on alors croire que Paul Biya a fini par opter pour une transition dynastique au Palais de l’unité ? Rien n’est moins sûr. Surtout lorsqu’on voit la mise en place progressive de la campagne pour «Franck» épousant, parfois les couleurs du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir). Une propagande jamais dénoncée, ni condamnée par le régime.
L’on a ainsi vu s’activer le Mouvement citoyen des frankistes pour la paix et l’unité du Cameroun (MCFPU) ainsi que le Réseau national des jeunes musulmans acquis à Franck Biya (RJMAFB), les deux regroupements les plus agités en particulier sur les réseaux sociaux.
S’agissant du premier regroupement cité son meneur, un certain Mohamed Rahim Noumeu, estime venu le moment d’établir les préalables d’une transition pacifique au Cameroun :
«Les transitions politiques sont généralement sources de désordre et d’instabilité pour des jeunes nations comme la nôtre.»
Il faudrait ainsi, selon lui, prévenir pareil péril en préparant d’avance un candidat qui fera l’unanimité pour la suite, le choix sur Franck Emmanuel Biya dans le sillage de son président de géniteur apparaissant alors comme celui-là à même de préserver cet équilibre entre les différents groupes ethniques composant le Cameroun.
La seule fois où le pouvoir de Yaoundé a donné l’impression d’être gêné aux entournures par rapport à cette gesticulation, ce fut le 19 décembre 2021 lorsque l’autorité préfectorale, pour «manifestation illégale», avait interdit la tenue au Palais des congrès de Yaoundé d’une assemblée générale dudit mouvement.
Quant au RJMAFB, qui a pour leader Alhadji Aboubakar Garba, sa faction a eu à diffuser des gadgets (t-shirts, polos, casquettes, porte-clés, stylos, etc.) estampillés «Avec Franck au-delà des acquis». Cette quincaillerie reprend, outrageusement, les emblèmes et couleurs du RDPC.
Si cette formation, si jalouse de ses attributs a pu ainsi laisser profaner ses étendards, rien ne dit qu’elle ne soit pas prête à aller plus loin si son président national, Paul Biya décidait de propulser son rejeton à sa tête. Surtout que – devrait-on le rappeler – le leader dudit parti est le candidat naturel à la présidence de la République. Beaucoup de chamboulements semblent en téléchargement, d’ici la fin du mandat de Paul Biya en 2025.