Par Sandra Embollo
Plus de dix ans se sont écoulés depuis ce qui reste encore le plus grand mystère de l’histoire de l’aviation mondiale, mais les recherches sont loin d’être terminées. Car une décennie plus tard, le Boeing 777 de la Malaysia Airlines n’a toujours pas été retrouvé, et les proches des 239 passagers à bord attendent toujours des réponses. Pour rappel, les autorités ont perdu la trace du vol MH370 le 8 mars 2014, lorsqu’il a été déconnecté des radars au-dessus de la mer de Chine méridionale. L’avion a mystérieusement disparu pendant les quelques brèves minutes où il se trouvait hors de portée des contrôles aériens. Comment expliquer que les seuls débris découverts l’aient été au large de la côte ouest australienne ou encore de l’île de la Réunion, à l’opposé total de la trajectoire Kuala Lumpur-Pékin que devait emprunter le vol ? Eh bien, c’est parce que le MH370 aurait continué de voler pendant plusieurs heures après sa disparition des radars, comme le prouvent certaines communications.
Signaux “pings” et effet Doppler : comment le Royaume-Uni a pu déterminer la trajectoire du MH370 après sa disparition
On sait que l’avion de la Malaysia Airlines a effectué un virage dans les minutes qui ont suivi sa disparition, modifiant totalement sa trajectoire initiale. De quoi compliquer grandement les recherches de l’épave, l’appareil ayant cessé d’envoyer sa position radio… Pourtant, l’antenne satellite du Boeing a continué d’envoyer toutes les heures de brefs signaux appelés “pings”, qui ont été captés par un des satellites d’Inmarsat, société britannique de télécommunication. Grâce à l’analyse de ces signaux, l’opérateur a pu estimer la distance entre l’avion et le satellite, et établir les deux possibles corridors qu’aurait emprunté le MH370 : l’un vers le Kazakhstan, au nord-ouest, et l’autre vers l’océan Indien, au sud-ouest. Comme l’avait annoncé la Malaysia Airlines dans un communiqué dès mars 2014, Inmarsat a pu établir avec certitude que l’avion était resté en vol pendant au moins cinq heures après avoir quitté l’espace aérien malaisien. Le dernier “ping” étant émis à 8h11 (heure de Kuala Lumpur), soit un peu moins de six heures après le dernier contact avec les radars militaires. À 9h15, le satellite Inmarsat fait une demande de “ping” vers l’avion, qui restera sans réponse. Cette information cruciale avait été communiquée dès le 12 mars 2014 aux autorités locales, qui ne l’avaient pourtant rendue publique que trois jours plus tard… retardant donc les recherches dans les deux secteurs.
Après de plus amples examens, les experts du Bureau britannique d’enquête sur les accidents aériens (Aaib) ont pu déceler un effet Doppler permettant d’affirmer sans l’ombre d’un doute que le MH370 s’était dirigé vers l’océan Indien. Cela, grâce à la comparaison des fréquences reçues par les “pings” de l’avion avec celles d’autres appareils ayant emprunté cette trajectoire : l’effet Doppler se traduit par le décalage en fréquence d’une onde qui se rapproche ou s’éloigne d’un point donné, à l’instar d’une voiture qui n’émet pas le même son si elle arrive ou si elle s’en va. Ces résultats ont donc révélé une “correspondance extraordinaire” avec d’autres signaux envoyés par des avions volant sur une route similaire. Les cinq heures pendant lesquelles le satellite a continué d’émettre correspondraient au temps qu’il a fallu au MH370 pour arriver à court de kérosène, et donc s’écraser au beau milieu de l’océan Indien. C’est donc pour cette raison que les débris de l’appareil ont été retrouvés si loin de la Malaisie, où le Boeing avait été repéré pour la dernière fois de façon précise.