Par Sasha Blanche
Au cours d’une cérémonie empreinte de tradition, la Malaisie a investi mercredi son nouveau roi, un sultan milliardaire connu pour son franc-parler et déterminé à jouer un rôle clef pour garantir la stabilité politique de son pays.
Ibrahim Sultan Iskandar, influent sultan de 65 ans, a prêté serment au palais national de la capitale Kuala Lumpur.
«Par ce serment, je (jure) solennellement et sincèrement d’être loyal, de régner de manière juste pour la Malaisie en accord avec les lois et la Constitution».
a déclaré le nouveau souverain, lors de l’événement retransmis à la télévision auquel assistait le premier ministre Anwar Ibrahim et d’autres membres de l’élite dirigeante.
L’an dernier, le sultan avait été désigné comme futur roi de cette monarchie constitutionnelle où, tous les cinq ans, les chefs des familles des neuf anciens royaumes du pays choisissent l’un d’entre eux pour régner sur la Malaisie. Une cérémonie de couronnement doit avoir lieu dans plusieurs mois.
Les critiques du roi passibles d’emprisonnement
La fonction du roi est essentiellement honorifique en Malaisie mais son rôle s’est accru ces dernières années face à la fracture du paysage politique malaisien, l’intervention du roi ayant notamment été nécessaire à trois reprises pour désigner un premier ministre. En plus de superviser les nominations politiques importantes, le souverain dispose du droit de grâce et est le chef officiel de l’islam dans ce pays à majorité musulmane, ainsi que le commandant en chef des forces armées.
Les critiques considérées comme une incitation à le mépriser sont passibles d’emprisonnement. Dans un entretien au quotidien singapourien The Straits Times en décembre, le sultan a dit ne pas souhaiter être un «roi fantoche».
«Vous (les parlementaires) êtes 222 au Parlement. Ils (les Malaisiens) sont plus de 30 millions à l’extérieur. Je ne suis pas avec vous, je suis avec eux».
a-t-il déclaré au quotidien.
«Je soutiendrai le gouvernement mais si je pense qu’ils font quelque chose de mal, je le leur dirai».
a-t-il ajouté, selon le quotidien.
Ibrahim est issu de la riche et puissante famille royale de Johor, qui dispose de sa propre armée privée. Bloomberg estime la fortune du sultan et de sa famille à au moins 5,7 milliards de dollars. Il est proche du premier ministre réformiste Anwar Ibrahim, nommé fin 2022, et commente régulièrement l’actualité politique du pays. C’est un dirigeant actif qui a été formé comme officier militaire, en partie aux Etats-Unis, et aussi un passionné de moto, père de six enfants.