Par Mon’Esse
La gestion de la Cameroon Telecommunications (Camtel) par sa patronne, Judith Yah Sunday épse Achidi, a été qualifiée de «catastrophique» par une partie du personnel à travers un virulent mémorandum.
Sous le titre «Camtel, quand Blue rime avec flou», les personnels indignés» pointent un management gabégique de celle qui est en poste depuis mi-décembre 2018. Laquelle patronne a également inauguré le nom commercial «Blu» pour service mobile de l’opérateur historique du secteur dans le pays.
Si le service-client est toujours aussi médiocre, les indignés, données chiffrées à l’appui, pointent quelques choix néfastes et injustifiables, pour les finances de la société d’Etat. A l’instar d’un marché de près de 1 milliard de francs, pour la réfection d’un mur d’enceinte à Douala-Bépanda attribué à la Brigade d’intervention rapide (BIR), une unité d’élite de l’armée.
Et ceci n’est sans doute rien à côté du marché portant acquisition d’un progiciel intégré de gestion que deux leaders mondiaux en la matière, Odoo et Oracle, ont proposé de livrer à hauteur de 2 milliards de francs. Mais dame Achidi, du nom de l’ex-Premier ministre, Simon Achidi Achu, a jeté son dévolu sur un fournisseur quasi-inconnu au bataillon, Moore & Stephen, qui propose le même service pour… 6,6 milliards de francs.
Sur 8 pages, les «indignés» de Camtel pointes des faits plus qu’inquiétants.
Si le réquisitoire dressé contre la gestion de son prédécesseur, David Nkoto Emane a laissé entrevoir une rupture dès sa prise de service, l’espoir a rapidement viré au pire, indiquent les dénonciateurs anonymes.
«On retiendra pour conclure que si changement il y a eu, ce n’est qu’en pire car en quatre ans, le backbone national en fibre optique ne s’est enrichi d’aucun nouveau kilomètre, la densification des boucles métropolitaines n’est plus qu’un lointain souvenir, le réseau UMTS/LTE n’a pas franchi le seuil expérimental où il se trouvait, la large bande annoncée avec le FTTH et le WTTX reste au point mort et constitue plus un cauchemar pour les clients et des commerciaux que la panacée attendue.»
Pêle-mêle, les détracteurs de Judith Yah Sunday dénoncent le clanisme, le népotisme, des affectations fantaisistes à côté des démissions en cascade de nombreux hauts cadres. Madame le directeur général a, par contre, recruté l’épouse du président du conseil d’administration de Camtel, Mohamadou Saoudi, au mépris des dispositions règlementaires.
La même est accusée de favoritisme criard en faveur des ressortissants des régions anglophones, du recrutement massif d’anciens de chez les concurrents encore appelés «les fanatiques» ou la «légion étrangère».
Rien qu’en 2020, affirment les «indignés», dame Achidi a, en lieu et place des 200 embauches autorisées par le conseil d’administration, recruté 722 personnels pour porter les effectifs à plus de 4000 salariés. Pourtant, deux ans auparavant, Mfont-ils remarquer, une commission dédiée avait déjà eu à décrier cette situation de sureffectifs dont la masse salariale absorbait déjà 51% des recettes.
En interne également, les «indignés» pointent l’absence d’avancements depuis 3 ans, une mobilité tatillonne et déstabilisatrice, des promotions à tête chercheuse, des sanctions injustifiées, des primes arbitrairement distribuées aux affidés, des droits acquis gelés, des primes de bonne séparation payées au lance-pierre aux agents, des médailles non octroyées ainsi qu’un mépris ostentatoire à l’endroit des délégués du personnel.