Par Sandra Embollo
L’examen au Sénat de la réforme controversée du pouvoir judiciaire voulue par le président sortant Andrés Manuel Lopez Obrador a été suspendue ce mardi 10 septembre par le président de la Chambre haute après l’irruption d’une centaine de manifestants sur le balcon de l’hémicycle.
Permettre l’élection des juges
La réforme constitutionnelle, qui entre dans la phase finale de son parcours législatif avec le vote des sénateurs, vise à permettre l’élection des juges -y compris ceux de la Cour suprême- et des magistrats par un “vote populaire”, une première mondiale qui agite le pays et les investisseurs.
Le chef d’État mexicain, qui sera remplacé par la présidente élue Claudia Sheinbaum, issue du même parti, le 1er octobre, soutient que la justice mexicaine est corrompue et ne sert que les intérêts économiques des élites, alors que plus de 90% des crimes sont impunis au Mexique selon les Ong.
Mercredi dernier, le projet de loi a été adopté par les députés de la coalition ultra-majoritaire au pouvoir, dans un gymnase, sous des paniers de basketball, après le blocage de la Chambre basse par des manifestants.
“La démolition du système judiciaire n’est pas la voie à suivre”
Toute l’attention se porte maintenant sur le Sénat, où il manquerait une voix au parti présidentiel et ses alliés pour adopter la réforme. Ses opposants, majoritairement des employés de l’administration judiciaire et des étudiants en droit, estiment qu’elle fragilisera l’indépendance des juges et ouvrira la porte au crime organisé. Les partis d’opposition PAN, PRI et le Mouvement Citoyen ont déclaré qu’ils voteraient tous contre. “Nous l’avons déjà dit et nous le répétons : nous nous battrons jusqu’au bout pour empêcher cet outrage à la République et à la démocratie”, a écrit la sénatrice du Mouvement Citoyen, Alejandra Barrales.
“La démolition du système judiciaire n’est pas la voie à suivre”, a soutenu la présidente de la Cour suprême Norma Piña, dans une vidéo diffusée dimanche sur les réseaux sociaux.
Les Etats-Unis, principaux partenaires commerciaux du Mexique, voient dans la réforme un “risque” pour la démocratie mexicaine et “une menace” pour les relations commerciales bilatérales, alors que le Mexique a supplanté la Chine en tant que premier partenaire commercial de son voisin du Nord.