Avec Calixthe Beyala
Il y a des bêtises qui ne se commentent pas ; des mensonges non plus, surtout lorsque certains diplomates européens foutent leurs têtes dans des sacs bandjock pour clamer que les relations entre la France et le Cameroun sont au beau fixe, ce qui est archifaux.
Prétendraient-ils que les camerounais n’ont pas de mémoire ? Qu’ils oublient qu’ils sont avec l’Algérie, les seuls pays d’Afrique à avoir combattu le colon français ? Que contrairement à l’Algérie, les combattants camerounais ont perdu ? Que nous avions eu de centaines de milliers de morts ?
Je m’énerve lorsque j’entends ces vendeurs de sommeil que sont les diplomates dire du n’importe quoi pour se donner bonne conscience ! J’ai l’impression qu’ils nous méprisent.
Figurez-vous Monsieur Macron que je me souviens du quartier Congo à Douala/ On avait brûlé le quartier Congo ! On l’avait encerclé et brûlé tout le quartier ; j’étais enfant. J’ai toujours dans le nez l’odeur de la chair humaine qui crame !
J’étais enfant en ces temps-là ; j’habitais le KM5 quartier général des maquisards à Douala. Durant les nuits, les combats étaient terribles ! Je me cachais sous le lit avec ma grand-mère ; les balles sifflaient et le matin, il y avait des corps partout, qu’enfant je traversais pour aller à l’école au camp Mboppi et tout ceci prendra fin vers 1975 !
L’écrivain que je suis a mâtiné dans cette souffrance ; ne venez pas me dire qu’une partie de ma colère n’est pas liée à ces horreurs qu’aucun enfant au monde ne devrait voir.
Présentez au peuple Camerounais vos excuses Monsieur Macron, car j’ai la mémoire blessée.