Par Serge Aimé BIKOI
Videur au cabaret sis au lieu-dit Montée Caveau du bouillonnant quartier Mvog Ada dans l’arrondissement de Yaoundé V, Aï-Jo Mamadou deviendra, plus tard, la tête d’affiche de ce cabaret dénommé “Le Parisien”, où les Zombies de la capitale régnaient en maîtres.
Mevio le boxeur d’hier, devenu Aï-Jo, rien à voir avec Ahidjo, va éblouir la scène tant et si bien qu’au sortir de studio, ses chansons étaient déjà reprises en choeur par le grand public.
“On lui reconnaît, ainsi que l’affirme Esmon Essombe, des compositions clean, soutenues par des textes pas très en rapport avec le bas de la ceinture, il accordait un intérêt particulier à sa mise vestimentaire”.
“Amour à 100%”, “Souvenirs”, “Amour et espoir”, “Levez les doigts!”, que de tubes assortis de messages éthique et pédagogique que Aï-Jo Mamadou laisse à la postérité. De son vrai nom, Meva’a Martin Magloire, Aï-Jo Mamadou est né le 28 juillet 1962 à Nanga Eboko dans la région du Centre, de feu Zépong Moni et d’Abomo Julienne. À la base, il était destiné à faire de la boxe. Puis, le côté musical a pris de l’ascendance. Une façon simple de chanter, sans zigzaguer sur les notes ou en faisant des trémolos. Mais, un style, finalement singulier, qui a fait de lui, pour reprendre Frenzie Tang, “agrégé en faculté du bikutsi avec des textes pertinents”.
On le savait malade depuis ces dernières années. En 2022, alors que la pandémie du Covid-19 sévissait, l’artiste avait été très affaibli par la maladie. Mais quelques temps après, il s’était, momentanément, rétabli. En 2024, il fait une rechute. Son état de santé s’aggrave. Les langues se délient. Les uns trouvent des bouc-émissaires à l’état de santé critique qui affecte l’artiste. D’autres estiment, a contrario, que l’artiste sait de quoi il souffre, mais il ne lâche aucune indiscrétion à ce sujet. À l’ère de l’exubérance des techno médias, où des internautes se livrent à un voyeurisme importunant, les images les plus intimistes et choquantes de l’artiste circulent dans l’espace cybernétique. Certains diffusent, sans scrupules, des images déshonorables alors que d’autres publient des vidéos offusquantes de celui qui était appelé “Le lion blanc”. Au bout du compte, il a rendu son ultime souffle ce soir à 20h et 20mn au Chu.