Par Sandra Embollo
« Nous, forces de défense et de sécurité, réunis au sein du CNSP, avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez », celui du président Bazoum, a déclaré le colonel-major Amadou Abdramane Sandjodi, directeur de l’Information, des Relations publiques et des Sports. Entouré de neuf autres militaires en tenue, il a tenu ces mots dans un premier communiqué :
« Ce jour, 26 juillet 2023, nous, forces de défense et de sécurité, réunies au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) :
– avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez. Cela fait suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale.
– réaffirmons notre attachement au respect de tous les engagements souscrits par le Niger
– rassurons la communauté nationale et internationale par rapport au respect de l’intégrité physique et morale des autorités déchues, conformément aux principes des droits humains. »
Les frontières fermées, un couvre-feu instauré, les institutions suspendues
Mohamed Bazoum était confronté à une tentative de prise de pouvoir par la force et retenu dans sa résidence depuis mercredi matin.
« Toutes les institutions issues de la septième République sont suspendues. Les secrétaires généraux des ministères se chargeront de l’expédition des affaires courantes. Les forces de défense et de sécurité gèrent la situation. Il est demandé à tous les partenaires extérieurs de ne pas s’ingérer », a poursuivi Amadou Abdramane Sandjodi.
« Les frontières terrestres et aériennes sont fermées jusqu’à la stabilisation de la situation. Un couvre-feu est instauré à compter de ce jour, de 22 heures à 5 heures du matin sur toute l’étendue du territoire jusqu’à nouvel ordre », a ajouté le colonel-major.
Parmi les officiers qui ont participé à la lecture de la déclaration, on peut citer entre autres le patron des forces spéciales nigériennes, le général Barmou Batoure, le général Toumba, le chef d’état-major de l’armée de terre, et le haut commandant de la garde nationale.
Les États-Unis d’Amérique ont appelé à la « libération immédiate » de Mohamed Bazoum, président déchu avec lequel Antony Blinken s’est entretenu. Depuis la Nouvelle-Zélande où il est en déplacement, le secrétaire d’État américain a rappelé que les États-Unis apportaient leur soutien résolu à Mohamed Bazoum « en tant que président élu démocratiquement ». Le dirigeant avait succédé à Mahamadou Issoufou en avril 2021.
Né à Bilabrine, dans la région de Diffa en 1960, Mohamed Bazoum se lance dans le jeu politique dans les années 1990. Figure de l’Union syndicale des travailleurs du Niger, le diplômé de philosophie fonde avec son compagnon de lutte, Mahamadou Issoufou, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme.
Élu député une première fois en 1993, il occupera à maintes reprises la vice-présidence de l’Assemblée nationale, avant d’être nommé ministre lorsqu’Issoufou accède à la présidence nigérienne en 2011. Mohamed Bazoum officie d’abord aux Affaires étrangères, puis à l’Intérieur. Des expériences qui lui permettent de développer son carnet d’adresses à l’international.
Il succède à son mentor en avril 2021, quand il est élu avec près de 56% des voix face à son adversaire, Mahamane Ousmane. Sa victoire est tout juste validée par la Cour constitutionnelle que des militaires tentent un coup d’État, seulement deux jours avant son investiture. Un an plus tard, presque jour pour jour, les autorités nigériennes annoncent avoir déjoué une nouvelle tentative de putsch.
Finalement, c’est un groupe d’officiers disant appartenir à un Conseil national pour la sauvegarde de la patrie qui a annoncé, mercredi 26 juillet dans la soirée à la télévision nationale, avoir renversé le président Bazoum.