Par Arlette Akoumou Nga
Le jugement en appel a été rendu mardi 24 octobre à Niamey. Le général Souleymane Salou, âgé de 70 ans, devrait sortir de prison très prochainement, d’après l’un de ses proches joint par l’Afp. Ce haut-gradé avait été arrêté en décembre 2015 avec d’autres militaires et une dizaine de civils.
Le gouvernement de l’époque avait alors affirmé avoir trouvé des « preuves accablantes » d’une tentative de coup d’État en 2015 contre le président Mahamadou Issoufou. En l’occurrence, des échanges de SMS qui auraient listé des personnalités à « supprimer », et un projet de bombardement de la présidence. Cette tentative de coup d’État serait intervenue en pleine campagne électorale, à deux mois du premier tour de l’élection présidentielle de 2016. Le président Mahamadou Issoufou briguait alors un second mandat.
Lors du procès en 2018, le tribunal avait jugé les militaires coupables d’avoir fomenté un complot « contre la sûreté de l’État ». Souleymane Salou s’en était défendu avec ses avocats. Depuis, il purgeait une peine de 15 ans de prison dans une prison à l’intérieur du pays. Auparavant, entre 2010 et 2011, il avait occupé les fonctions de chef d’état-major des armées sous la junte qui avait renversé le président Mamadou Tandja.
Pour le président du Centre international d’étude et de réflexion sur le Sahel, Seidick Abba, cette libération est le signe d’un changement dans le fonctionnement de la justice depuis l’arrivée au pouvoir de la junte, il y a trois mois. Il estime que les juges peuvent travailler plus sereinement.
« Aujourd’hui, puisque les choses ont changé, le président Issoufou n’est plus aux affaires, le contexte est totalement nouveau et les juges ont pu regarder en toute sérénité. Les avocats des personnes poursuivies voient dans le contexte d’aujourd’hui une opportunité de demander des réexamens de dossiers au cas par cas. La junte aussi a à cœur de montrer que les choses ont changé, que maintenant des torts qui ont été commis par le régime qu’elle a renversé vont être réparés. La junte entend tirer les dividendes. Pour elle, c’est une façon de marquer la rupture ».
analyse-t-il.