Par Léopold Dassi Ndjidjou
La Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (Wilpf) l’a fait le 5 septembre dernier au cours d’un atelier à Yaoundé. La masculinité est un ensemble d’attributs de comportements, et de rôles associés aux garçons et aux hommes. On doit ce terme aux sociologues américains Michaël Kimmel et A. Messner dans leur ouvrage portant sur les masculinités en tant que identités de genre construites socialement. La masculinité doit être distinguée de la définition du sexe biologique masculin. La masculinité violente se définit par ses effets nocifs vis-à-vis des femmes et des filles au sein d’une communauté donnée. C’est connu dans ce sens que les croyances et pratiques discriminatoires sont à l’origine de la violence masculine. On parle dans ce cas aussi de masculinité militaire selon le terme de l’exposé de Guy Feugap, le coordonnateur des projets à Wilpf portant sur les masculinités militaires diffusées à travers les médias. Les médias devenant dans ce cas des vecteurs ou des complices naïfs ou pas, de ces formes de violences et discriminations subies par le genre féminin.
Les masculinités violentes se manifestent sous diverses formes et se traduisent par des inégalités de genre. Dans la majorité des cas, il s’agit de violence basée sur le genre, les abus et les exploitations sexuelles ou les contextes des conflits armés qui déclenchent l’expression de comportements violents sur les femmes et les filles. De manière globale, on peut retenir entre autres : la domination des hommes sur les femmes et les filles dans le ménage et les familles, toute chose qui est devenue normale et banale ; les violences basées sur le sexe à l’exemple des agressions sexuelles et viols ; les violences physiques et psychologiques ; les mariages forcés, le déni d’opportunités et de ressources) ; les conflits qui s’intensifient en raison de l’utilisation excessive des armes au lieu des réponses non violentes.
Il y a lieu par ailleurs de noter qu’avant cette mise au point sur les masculinités militaires, il y a eu le mot de bienvenue de la présidente de Wilpf Cameroun, Nathalie Wokam Foko qui a lancé le défi aux journalistes d’œuvrer à l’avenir en constructeurs de la paix au Cameroun en évitant de propager des contenus médiatiques qui font l’apologie des masculinités nocives. Quant à la présidente internationale de cette Ong, Sylvie Jacqueline Ndongmo, elle a exposé aux hommes et femmes de médias la législation onusienne allant dans le sens de protéger les femmes et les filles des masculinités militaires lors des conflits armés.
Ainsi, elle a parlé de l’Agenda femmes, paix et sécurité et du rôle des hommes. Elle a souligné la pertinence de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies (Csnu) adoptée en octobre 2000 portant sur la pleine participation des femmes aux processus de prévention des conflits et de la consolidation de la paix, et la définition de l’Agenda Femmes, paix et sécurité (Fps).
Ce premier document formel et juridique exige des différentes parties à un conflit qu’elles respectent les droits des femmes et soutiennent leur participation aux négociations de paix et à la reconstruction post-conflit. 17 ans après l’adoption de cette résolution, le Cameroun a souscrit aux principes de cet instrument juridique international en faveur des femmes par l’adoption le 16 novembre 2017 de son Plan d’action national (Pan) sur la Résolution 1325. Ce Plan a expiré en pour la mise en œuvre de cette résolution. Ce Pan a expiré en décembre 2020. Pour autant les conflits persistent et les femmes et les filles déjà vulnérables par leur condition continuent de payer le lourd tribut par exemple dans parties troublées du pays telles que le Nord-Ouest, le Sud-Ouest et l’Extrême-Nord.
Le ministère de la Promotion de la femme et de la famille (Minproff) est chargé de la mise en œuvre du Pan. Pour l’heure, Wilpf, ses partenaires et les Osc travaillent pour la deuxième Pan. Il y a lieu d’indiquer par ailleurs qu’une trentaine de journalistes venus des régions du Centre, de l’Est, de l’Ouest et du Littoral ont participé à cet atelier marqué par les échanges et les témoignages des femmes et des hommes des médias.
Les cinq axes et piliers stratégiques de la Résolution 1325
Il y a lieu de noter que la Résolution 1325 a cinq axes principaux qui correspondent à cinq piliers. Le renforcement de la paix et la sécurité dans la logique de la Résolution 1325 et la prévention des violences sexuelles et basées sur le genre est le premier axe qui correspond au pilier prévention. Le deuxième axe est l’amélioration de la participation égalitaire des femmes et des hommes à tous les niveaux des processus de paix et de sécurité, et de la représentation des femmes dans les sphères de décisions qui correspond au pilier participation. Le troisième axe stratégique est le renforcement de la protection et du respect des droits des femmes à toutes les phases de conflit et en temps de paix, ainsi que la prise en compte des enjeux liés à l’égalité femme-homme qui est le pilier protection. Quant au quatrième axe qui porte sur l’accroissement de la sensibilité aux questions de genre dans les politiques et programmes en matière de relèvement, redressement et autonomisation des femmes dans les situations de conflit et post-conflit, il a le pilier secours et relèvement.
Enfin, le cinquième axe qui est la vulgarisation de l’agenda « femmes et paix et sécurité » du Conseil de Sécurité des Nation Unies et son plan d’action national au Cameroun correspond au pilier promotion. Après cet atelier, l’espoir est désormais acquis que les contenus médiatiques seront dépouillés des violences et des discriminations de toutes sortes contre le genre féminin.