Par Arlette Akoumou Nga, Avec Afp
Au moins 17 personnes sont mortes le 9 janvier à Juliaca, dans le sud du Pérou, lors de confrontations entre forces de l’ordre et manifestants réclamant le départ de la présidente Dina Boluarte, selon un bilan communiqué par les autorités locales.
«Nous avons confirmé 17 décès aujourd’hui à Puno lors d’affrontements avec les forces de l’ordre dans les environs de l’aéroport de Juliaca [dans la région amérindienne de Puno]», a déclaré à l’Afp une source du Bureau du médiateur, faisant également état de plus d’une trentaine de blessés.
Les victimes présentent des blessures par balle, selon un responsable de l’hôpital Carlos Monge de Juliaca où elles ont été emmenées.
Les affrontements ont éclaté alors que les manifestants tentaient d’envahir l’aéroport de Juliaca, situé à environ 1 300 km au sud de Lima, dans la région de Puno. Cet aéroport avait déjà fait l’objet d’une tentative d’assaut deux jours plus tôt.
«Aujourd’hui, plus de 9 000 personnes se sont approchées de l’aéroport de Juliaca et environ 2 000 d’entre elles ont lancé une attaque sans merci contre la police et les installations, utilisant des armes improvisées»
a déclaré à la presse le président du Conseil des ministres péruvien Alberto Otarola, évoquant une «situation extrême».
«Les policiers nous ont tiré dessus», a raconté à l’Afp un manifestant, ajoutant : «Nous demandons à Madame Dina qu’elle démissionne. Accepte le fait que le peuple ne t’aime pas !» «Ce qui se déroule est un massacre entre Péruviens, je demande le calme, ne vous exposez pas»,
s’est exclamé le maire de Juliaca, Oscar Caceres, dans un appel passé à la population sur la radio locale La Decana.
Ces nouveaux décès portent à 39 personnes le nombre d’individus ayant perdu la vie au cours des manifestations antigouvernementales en près d’un mois de protestations au Pérou, pays plongé dans une grave crise institutionnelle et politique. Soutien de Pedro Castillo, Evo Morales interdit d’entrée.
Les manifestants réclament le retour du dirigeant de gauche Pedro Castillo, arrêté après avoir été destitué en décembre par le Parlement sous contrôle de l’opposition, alors même qu’il en avait annoncé la dissolution et l’instauration de l’état d’urgence. Ils réclament également la démission de Dina Boluarte, qui a succédé à Pedro Castillo, ainsi que la tenue immédiate d’élections et la composition d’un nouveau Parlement.
La région de Puno, frontalière avec la Bolivie, est l’épicentre des protestations dans le pays. Une grève illimitée y a lieu depuis le 4 janvier. Il s’agit également du point de départ d’une marche organisée par plusieurs collectifs de citoyens et de paysans, dont l’arrivée dans la capitale Lima est prévue aux environs du 12 janvier.
Pedro Castillo a bénéficié du soutien de nombreuses personnalités politiques d’Amérique latine, émanant notamment de gouvernements de gauche. Le 9 janvier, le nouveau gouvernement péruvien a interdit l’entrée sur son territoire à l’un de ces soutiens, l’ancien président bolivien Evo Morales, l’accusant d’«intervention» dans les affaires politiques internes du pays.