Par Mon’Esse
Le Camerounais Bako Harouna a été nommé directeur général de la Cameroon Oil Transportation Company (Cotco), à l’issue d’une session extraordinaire du conseil d’administration tenue sous haute tension mardi dans la métropole économique, Douala.
Jusqu’ici directeur général adjoint du Port autonome de Kribi (PAK), ce magistrat remplace Nicolas de Blanpré, qui avait été promu le 24 mai dernier à Paris par le britannique Savannah Energy, qui revendiquait alors l’acquisition à hauteur de 41,06% des parts de Cotco détenues par l’américain Exxon Mobil.
Sauf que, entre-temps, 31% des actions de Cotco, alors détenues par le Malaisien Petronas à travers la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT), sont passées sous contrôle tchadien qui en détient désormais 53,77% des parts à travers un acte de nationalisation, leur gestion étant par ailleurs confiée à Tchad Petroleum Company (TPC), nouvellement créée.
Le même 24 mai, dans la capitale française, les responsables de Cotco nommés par Savannah avaient aussitôt été révoqués par le pouvoir de N’Djamena au cours d’une assemblée générale, leur société mère étant considérée comme peu crédible.
Il convient de souligner que la session extraordinaire du conseil d’administration de la Cotco, tenue à Douala, était placée sous haute protection policière. La veille en effet, Nicolas de Blanpré avait diffusé un message électronique à l’intention de ses collaborateurs, qu’il priait «de travailler à leurs domiciles, pour ceux qui le peuvent», les bureaux de l’entreprise devant être fermés les 3 et 4 juillet.
Plus grave encore, en fin juin dernier le secrétaire général de la présidente de la République du Cameroun, Ferdinand Ngoh Ngoh, a alerté le secrétaire d’État auprès du ministère camerounais des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, lui demandant de prendre les mesures qui s’imposent, les responsables désignés de Cotco par Savannah ayant menacé voici peu de fermer – de saboter, c’est plus parlant – l’oléoduc.
Ainsi, apprend-on encore, des actes de sécurisation ont été pris par les autorités camerounaises, «au regard des conséquences graves qui résulteraient de la fermeture du pipeline Tchad-Cameroun et du péril qu’une telle action ferait peser sur la société Cotco».
On se souvient que la crise d’intérêts, autour du pipeline, avait conduit au rappel en consultation dans son pays, le 20 avril, de l’ambassadeur Djidda Moussa Outhman qui n’a regagné son poste de travail que le 6 juin.
Dans l’espace, et à la suite de ce qu’il a considéré comme un hold-up, l’administrateur-directeur général (Adg) de la Société nationale des hydrocarbures (Snh) du Cameroun, Adolphe Moudiki, avait écrit au ministre tchadien en charge du Pétrole, Djerassem Le Bemadjiel, pour demander à recevoir, en qualité d’actionnaire de la société Cotco, les résolutions par écrit ainsi que la convocation de l’assemblée générale du 24 mai à Paris et enfin la résolution du conseil d’administration approuvant l’ordre du jour de l’assemblée générale évoquée par la partie tchadienne, à laquelle il affirme que le Cameroun n’a pas été convoqué, et donc n’a pas pris part.
Pour lui, «au cas où une telle assemblée générale se serait tenue, les résolutions en découlant apparaissent irrégulières, car contraires aux règles statutaires de Cotco sur la convocation et la tenue» de telles assises.
Il rappellait aussi que N’Djamena s’était engagé au maintien au sein du conseil d’administration de la représentation des actionnaires de Cotco, la limitation à quatre du nombre d’administrateurs tchadiens, dans ledit conseil, de la rétrocession à la Snh d’une partie des actions de Cotco, et à ne pas faire inscrire à l’ordre du jour des assemblées générales ordinaires des projets de résolutions portant, entre autres, sur la nomination des dirigeants de Cotco autres que les administrateurs tchadiens.
Mais les multiples démarches de M. Moudiki, qui risquaient visiblement de remettre le feu aux poudres, ont été désavouées par Yaoundé manifestement pressé de clore cette page.