Par Sandra Embollo
Un tollé a été déclenché en Ukraine après un nouvel incident à la frontière avec la Pologne, où des agriculteurs polonais mécontents bloquant la frontière ont déversé sur la route des céréales ukrainiennes à destination de l’Union européenne. Cette action a suscité une vive émotion en Ukraine. «Aujourd’hui, nous assistons à une nouvelle escalade de la violence à notre frontière commune», a dénoncé sur Facebook Taras Katchka, vice-ministre ukrainien de l’Économie et représentant commercial de son pays. Si les autorités polonaises ne réagissent pas, la «bande» ayant organisé le blocus de la frontière va «commencer à tuer les Ukrainiens parce qu’ils sont Ukrainiens», a même surenchéri le dirigeant. «L’absence de réaction des autorités polonaises face à la destruction des livraisons entraînera davantage de xénophobie et de violence politique», a-t-il encore estimé, dénonçant «l’indifférence» de Varsovie. Selon des photos et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, des agriculteurs polonais, qui ont entamé le 9 février le blocage de plusieurs passages de la frontière avec l’Ukraine, ont déversé le contenu de plusieurs camions ukrainiens en signe de protestation, fustigeant la concurrence déloyale.
Le maire de Lvov accuse des Polonais «prorusses» Andriï Sadovy, le maire de Lvov, grande ville de l’Ouest ukrainien proche de la Pologne et qui fut polonaise de 1919 à 1939, a jugé sur Telegram «honteuses» les actions effectuées, selon lui, «par des provocateurs polonais […] prorusses». La Pologne compte parmi les plus grands soutiens de l’Ukraine depuis le début de la guerre, mais les frictions liées à l’interdiction unilatérale des importations de céréales par Varsovie ont entamé les relations entre les alliés. Ces derniers jours, les autorités de Varsovie ont évoqué la possibilité d’imposer de nouvelles interdictions d’importation de produits agricoles ukrainiens pour protéger leurs agriculteurs. La Pologne avait interdit les importations de céréales ukrainiennes sous le précédent gouvernement nationaliste du PiS, mais a maintenu cette interdiction après l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle coalition pro-UE en octobre 2023.