Par Arlette Akoumou Nga
Faustin-Archange Touadéra assure avoir «observé scrupuleusement » la loi fondamentale de 2016 sur laquelle il a deux fois prêté serment. Toutefois, selon lui, la Constitution actuelle « comporte des dispositions qui pourraient compromettre le développement» du pays.
« C’est pourquoi dès la promulgation de cette Constitution, certains courants politiques centrafricaines ainsi qu’une majorité de nos populations l’ont trouvée insuffisante pour des motifs divers et variés, notamment en ce qu’elle ne propose pas de solutions appropriées aux causes des conflits militaro-politiques récurrents que connaît le pays. »
La Constitution, selon Faustin Archange Touadera, «elle n’affirme pas clairement la souveraineté de l’État ni l’indépendance nationale, ni le droit à l’autodétermination du peuple » ajoute-t-il, soulignant les mobilisations pro-référendum organisées ces derniers mois par des groupes proches du pouvoir. Une nouvelle manifestation était d’ailleurs annoncée pour mercredi 31 mai.
Selon lui, ce référendum entre dans le cadre de «la réforme profonde de l’État » qu’il avait promis lors de la campagne présidentielle de 2020, et va « promouvoir nos valeurs, permettre à notre jeune démocratie d’être plus dynamique » et « améliorer le fonctionnement régulier des institutions en mettant plus d’accent sur la transparence et la redevabilité ».
La question a donné lieu à plusieurs mois de bras de fer juridique. En septembre 2022, la Cour constitutionnelle avait annulé le décret créant un comité de rédaction d’une nouvelle Constitution. La présidente de l’institution, Danièle Darlan, avait été mise à la retraite d’office et fin janvier 2023, la Cour avait validé la loi encadrant l’organisation des référendums.
Les adversaires de Faustin-Archange Touadéra affirment que cette réforme ne vise qu’à faire sauter la limitation à deux mandats présidentiels inscrite dans le texte de 2016. Élu deux fois, en 2016 et 2020, le président centrafricain ne dit pas dans son discours si ce projet de réforme lui permettra de briguer un troisième mandat consécutif.
« À ceux qui auraient des raisons de redouter l’avènement d’une nouvelle constitution, je voudrais d’ores et déjà les rassurer, si besoin en était encore, que l’organisation d’un referendum constitutionnel dans les conditions requises par la Constitution ne saurait être valablement analysée comme une volonté du président de la République d’empêcher l’alternance politique, gage de démocratie et de droit. »
Le président conclut en déclarant que les Centrafricains seront informés dans les prochains jours des principales réformes du projet de nouvelle constitution qui sera soumis au vote le 30 juillet.