Par Arlette Akoumou Nga
Cette fois semble être la bonne : le vieil aéroport de Bangui-M’poko en République centrafricaine va enfin pouvoir faire sa mue. Ces dernières semaines, l’entreprise chinoise Shanxi, recrutée à la faveur d’un nouvel appel d’offres lancé début 2024 au détriment de la société turque Summa qui avait remporté la première adjudication d’il y a plus de trois ans, a pris ses quartiers dans l’espace aéroportuaire où elle a récemment aménagé une base vie. Les travaux maintes fois annoncés, puis reportés, vont coûter 8 milliards Fcfa qui comportent un financement de la Banque africaine de développement à hauteur de 6,5 milliards Fcfa et une contrepartie de 1,5 milliard Fcfa de l’Etat centrafricain, et vont consister principalement en la réhabilitation et l’extension de la piste d’atterrissage, entre autres tâches. Ces travaux de rénovation qui ont commencé il y a plus de trois ans avec la construction d’une clôture de sécurité de 13 kilomètres visent la mise aux normes de l’infrastructure construite depuis 1967.
Fin janvier, la Société de développement des infrastructures aéroportuaires de Centrafrique (Sodiac) a acquis au profit de la représentation nationale de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna), de nouveaux équipements techniques qui ont été installés à l’aéroport international de Bangui-M’poko. Notamment, 80 signaux lumineux et 120 chariots à bagages qui ont permis de corriger les anomalies techniques qui empêchaient cet aéroport d’accueillir des vols de nuit depuis plusieurs années. Pour mémoire, l’aéroport international de Bangui-M’poko qui a fait l’objet de plusieurs fermetures ces dernières années pour des raisons sécuritaires et qui accuse des décennies de sous-investissement, accueille jusque-là une dizaine de compagnies aériennes, dont Afriqiyah Airways, Air France, Angola Airlines (Taag), Asky Airlines, Bako, Benin Golf Air, Ethiopian Airlines, Interair, Sudan Airways et la compagnie tchadienne Toumaï Air Tchad.
Malgré ses difficultés criardes à lever des fonds pour financer des projets structurants, le gouvernement centrafricain nourrit le rêve de faire de la capitale Bangui un hub aérien au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Il a conclu, le 18 janvier 2024, un accord économique avec l’homme d’affaires émiratis Youssef Ahmed Alshamsi, visant à doter la RCA d’un nouvel aéroport international. « L’objectif de cet accord est d’accroître le trafic aérien et les échanges avec une ligne aérienne directe entre Dubaï et Bangui avec la création d’un hub cargo », a expliqué Gontran Djono Ahaba, ministre des Transports et de l’Aviation civile de Centrafrique. Dans le détail, le projet à concrétiser intègre la construction d’un terminal passagers et d’espaces dédiés aux vols cargos, de nouvelles pistes aux normes internationales dédiées à l’atterrissage d’avions passagers et cargos de fortes capacités, la création d’une zone libre dédiée aux cargos, constituée d’entrepôts modernes de stockage, chambres froides, immeubles de bureaux pour entreprises et services administratifs de l’Etat.
L’autre volet du projet vise la construction de 5 hôtels de 4 et 5 étoiles au standard international, d’un centre médical moderne ou hôpital aéronautique ouvert au grand public, en plus d’un centre de formation régional pour les métiers de l’aviation civile. Coût de l’investissement qui s’étalera sur pas moins de 300 hectares : 200 millions de dollars, soit environ 120,3 milliards Fcfa que le partenaire émirati s’est engagé à débloquer entièrement. La réalisation de ce projet ferait à terme de Bangui la seule ville en zone Cemac à disposer de plus d’un aéroport international.