Par Sandra Embollo
Des détenus ont tenté dans la nuit de dimanche à lundi de s’évader de la plus grande prison de République démocratique du Congo (Rdc), à Kinshasa, la capitale, a affirmé le gouvernement, provoquant une bousculade et des affrontements qui ont causé au moins 129 morts.
Makala, le plus grand pénitencier du Congo avec une capacité d’accueil de 1 500 personnes, accueille plus de 12 000 détenus, dont la plupart attendent leur procès, selon le dernier rapport sur le pays de l’Ong Amnesty International. L’établissement a déjà connu des évasions, notamment en 2017 lorsqu’une attaque menée par une secte religieuse avait permis la libération de centaines de détenus. Cette même année, une attaque contre la prison de Beni (est) avait permis la fuite de 930 prisonniers. Dans la nuit de dimanche à lundi, des tirs ont éclaté à l’intérieur de la prison située dans le centre-ville, à 5 km du palais présidentiel. « Il y a eu des coups de feu à partir de 1 ou 2 heures du matin, et jusqu’aux environs de 5 heures », a-t-il raconté à l’Afp Daddi Soso, un électricien d’une quarantaine d’années habitant le quartier, réveillé par les tirs.
Un haut responsable du gouvernement avait assuré dans la foulée que seuls deux décès avaient été confirmés, un chiffre aussitôt contesté par des militants des droits de l’homme. Les autorités ont reconnu ce mardi matin au moins 129 morts, la plupart dans une bousculade, disent-elles. 24 détenus ont été abattus par des coups de feu « d’avertissement » alors qu’ils tentaient de s’évader, a annoncé le ministre congolais de l’Intérieur, Jacquemin Shabani. « Il y a également 59 blessés pris en charge par le gouvernement, ainsi que quelques cas de femmes violées », a-t-il dit, ajoutant que l’ordre a été rétabli dans la prison, dont une partie a été incendiée lors de l’attaque.
« Il y a eu des morts et il y a des gens qui se sont enfuis », a ajouté Daddi Soso, affirmant avoir vu des véhicules des forces de l’ordre transporter des corps. Des vidéos provenant apparemment de la prison montraient des corps étendus sur le sol, dont beaucoup présentent des blessures visibles. Une autre vidéo montre des détenus transportant des personnes apparemment mortes dans un véhicule. Aucun signe d’effraction n’a été constaté. « Il s’agit d’une tentative d’évasion à la prison centrale de Makala. Les services de sécurité sont sur place pour restaurer l’ordre et la sécurité », avait déclaré lundi matin le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya sur le réseau social X, sans donner plus de détails sur les circonstances. « La situation est sous contrôle », avait-il ensuite assuré à la télévision nationale congolaise depuis Pékin, où il fait partie de la délégation officielle accompagnant le président Félix Tshisekedi à un sommet.
Les autorités n’ont pas fait état à ce stade de prisonniers qui auraient réussi à s’échapper. « Des enquêtes (sont) en cours pour identifier et sanctionner sévèrement les commanditaires de ces actes de sabotage », a seulement déclaré le ministre de la Justice Constant Mutamba sur X, annonçant la suspension jusqu’à nouvel ordre des transferts de détenus vers le centre pénitentiaire, et la mise en chantier d’un nouvel établissement à l’extérieur de la capitale.