Par Joël Onana
En République démocratique du Congo (Rdc), la star de la rumba congolaise Koffi Olomide a été convoquée ce jeudi par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (Csac) à Kinshasa. Il a pris la parole à sa sortie d’audition devant le Conseil. L’artiste qui est détenteur depuis plus de deux ans d’un passeport diplomatique a dit avoir pris conscience de son rôle d’ambassadeur de la culture congolaise et l’impact de ses propos.
C’était beaucoup plus pédagogue qu’autre chose. J’ai vu les instructeurs, on a parlé, je dis on a parlé et on s’est très bien compris. Je repars d’ici le cœur gros. J’ai retenu que le chanteur Koffi Olomide est aussi l’ambassadeur de la culture du Congo et, à ce titre, il devrait peut-être distiller un peu plus de diplomatie dans son discours même si ce qu’il dit est vrai et fondé. J’ai retenu cela.
Une convocation devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication après avoir remis en cause le terme « guerre » pour qualifier le conflit dans l’est de la RDC, lors d’une émission de la télévision nationale. Des propos perçus comme une critique du manque d’efficacité des Forces armées de la Rdc (Fardc).
Des propos qui ont fait l’effet d’une bombe
Ces propos ont été tenus le 6 juillet 2024 lors de l’émission
« Le Panier, the Morning show » à la Rtnc, la radiotélévision nationale congolaise. « De quelle guerre vous parlez ? », demande Koffi Olomide à une question posée par le journaliste Jessy Kabasele. « Il n’y a pas de guerre », renchérit le musicien. « Nous sommes tapés, on nous gifle, on fait de nous ce que l’on veut »,
ajoute-t-il.
« Reconnaissez au moins qu’on nous agresse », tente le journaliste. À quoi le musicien répond : « Une guerre, c’est quand tu tires, je tire, comme en Ukraine. »
Quatre jours après, la sanction tombe : le journaliste ainsi que son émission sont suspendus préventivement. Dans un courrier, la directrice générale de la Rtnc regrette que l’artiste, par ses déclarations, ait remis ouvertement en cause la guerre d’agression dont est victime le pays de la part du Rwanda.
Elle reproche au journaliste de ne pas avoir recadré Koffi Olomide. Sur les réseaux sociaux, l’animateur vedette de l’émission s’est désolidarisé des propos tenus par son invité. Jessy Kabasele a également été convoqué par le Csac.
La convocation de Koffi Olomide par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication a provoqué une levée de boucliers. Des opposants et des acteurs de la société civile ont critiqué le régulateur des médias, qualifié d’irresponsable par Jean-Claude Katende de l’Asadho, quand Herve Diakiese, le porte-parole du plus grand parti d’opposition y voit, je cite, « une succursale de la propagande » du parti présidentiel.