Par Boniface eric Tchouakeu
Le 10 juin 2022, le Ministre de la Communication et porte-parole du Gouvernement Camerounais, a invité le Président Français : « à ne pas se laisser distraire par des concitoyens mal intentionnés, en mal de notoriété et qui ont perdu tout sens patriotique, ni se laisser entraîner dans des manœuvres pernicieuses qui heurtent le peuple Camerounais, et sont susceptibles de porter préjudice aux relations entre la France et le Cameroun. »
C’est en réaction aux propos tenus par Emmanuel Macron sur le Cameroun le 08 juin 2022, alors qu’il était en déplacement à Clichy-sous-Bois en région parisienne, pour aborder le thème du sport au près des jeunes.
Interpellé à cette occasion par le militant du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc), Wilfried Ekanga, qui reproche à Paris de soutenir « une dictature » au Cameroun, le Chef de l’Etat Français, a affirmé avoir demandé à son homologue Camerounais, Paul Biya, d’ouvrir le jeu démocratique et de travailler à une transition démocratique au Cameroun .
Pour le Gouvernement camerounais, Paul Biya « n’a de leçon à recevoir de personne et demeure le principal artisan de la démocratie au Cameroun. »
Réné Emmanuel Sadi « déplore vivement » et « désapprouve totalement l’évocation de la situation au Cameroun » entre Emmanuel Macron et Wilfried Ekanga, « dans des termes qui tiennent manifestement de la désinformation, voire de l’intoxication. »
Il y a un peu plus de deux (02) ans, précisément le 22 février 2020,des déclarations faites par le Président Macron sur le régime en place au Cameroun, après avoir été interpellé au Salon International de l’Agriculture de Paris par l’activiste de la Brigade Anti-Sardinards (Bas),Abdoulaye Thiam, dit Calibri Calibro, avaient choqué Yaoundé.
Emmanuel Macron avait notamment affirmé avoir fait de la libération du principal opposant au régime, Maurice Kamto, alors incarcéré, la condition sine qua non de l’invitation du Président Biya à un sommet en France.
Aujourd’hui critiquée de toute part au Cameroun, la France ancienne puissance tutélaire du pays, tente de ménager la chèvre et le chou.
Elle veut à la fois préserver une image de pays des droits de l’homme, qui promeut et encourage la démocratie comme mode de gestion des peuples, et sauvegarder ses intérêts souvent acquis, grâce à l’appui des dirigeants en place, mais au détriment de ceux du peuple Camerounais dans sa grande majorité.
Cette situation est valable au Cameroun et dans de nombreux pays francophones d’Afrique considérés comme appartenant au pré carré de la France.
Cette politique de l’autruche menée par Paris à l’égard de ses anciennes possessions territoriales en Afrique noire, ne semble plus convaincre et particulièrement une large proportion de la jeunesse africaine.
Elle considère de plus en plus la France comme un Etat prédateur des richesses de leurs différents pays, à la faveur des contrats de coopération aux avantages déséquilibrés en faveur de Paris, qui n’hésite pas en contrepartie, à offrir son soutien et sa protection aux dirigeants impopulaires et donc illégitimes qui trônent généralement pendant de nombreuses années à la tête de leurs pays.

C’est l’une des principales causes de la poussée du sentiment anti-français en Afrique. Si Paris garde la même politique vis-à-vis des pays d’Afrique noire francophones, elle provoquera des ruptures dans ses relations avec ces pays comme cela semble s’observer avec la République Centrafricaine et le Mali .