Par Sandra Embollo
Pour remplacer Milos Zeman, un homme politique controversé qui entretenait des liens étroits avec Moscou jusqu’à l’invasion de l’Ukraine, à la tête du pays, les Tchèques ont choisi un ancien militaire. Après le décompte de 90 % des bulletins au second tour de l’élection présidentielle, l’ancien parachutiste d’élite Petr Pavel est crédité de 57,07 % des voix face à l’ex-Premier ministre et miliardaire Andrej Babis.
En votant vendredi dans le village de Cernoucek, l’ex-général de l’Otan a déclaré qu’il voulait être « un président digne » d’un pays membre de l’UE, comptant 10,5 millions d’habitants. « Je ne vais pas lancer de promesses en l’air mais je décrirai la réalité telle qu’elle est », a-t-il ajouté. Dans un tweet publié samedi, Petr Pavel a exhorté les électeurs à « se lancer en avant », publiant sa photo lors d’un saut à l’élastique.
Petr Pavel, 61 ans, est un héros de la guerre en ex-Yougoslavie au cours de laquelle il a notamment aidé à libérer des soldats français. Il est ensuite devenu chef de l’état-major tchèque et de celui du comité militaire de l’Otan. Les deux rivaux avaient été membres du Parti communiste dans les années 1980, lorsque la Tchécoslovaquie était sous la tutelle de Moscou.
Andrej Babis, propriétaire du groupe agroalimentaire, chimique et médiatique Agrofert, est la cinquième fortune tchèque, selon le magazine Forbes. Sa richesse et ses soucis judiciaires en ont fait un personnage clivant, et il a qualifié le vote de « référendum sur Babis ». Premier ministre de 2017 à 2021, il a créé la controverse la semaine dernière en déclarant qu’il n’enverrait pas de troupes tchèques si d’autres Etats membres de l’Otan, la Pologne ou les Pays baltes, étaient attaqués. Des propos sur lesquels il est revenu mais qui ont suscité des critiques dans la région.
L’analyste politique indépendant Jan Kubacek a estimé toutefois que l’élection n’entraînerait pas de changement dans la politique étrangère tchèque, quel que soit le vainqueur. « La République tchèque restera pro-occidentale », explique-t-il. Bien que son rôle soit essentiellement honorifique en République tchèque, le chef de l’Etat nomme le gouvernement, choisit le gouverneur de la banque centrale et les juges constitutionnels, et assure le commandement suprême des forces armées.