Par Arlette Akoumou Nga
Le quotidien britannique The Guardian a fait savoir qu’il ne publierait plus de contenu sur la plateforme de médias sociaux X, anciennement Twitter, depuis ses comptes officiels. Le média a justifié cette décision en évoquant la prolifération de contenus « souvent dérangeants », ainsi que des problématiques de racisme et de conspirationnisme.
Dans un communiqué adressé à ses lecteurs, The Guardian a déclaré : « Nous tenons à informer nos lecteurs que nous ne publierons plus de messages sur les comptes éditoriaux officiels du Guardian sur le site de médias sociaux X ». Selon le journal, les désavantages de la présence sur cette plateforme ont fini par l’emporter sur les bénéfices potentiels. Avec plus de 80 comptes sur X et environ 27 millions d’adeptes, ce retrait marque un tournant important pour le quotidien britannique.
Des contenus préoccupants et une influence croissante d’Elon Musk
The Guardian manifestait depuis longtemps une inquiétude croissante quant aux types de contenus diffusés sur X, parmi lesquels il dénonce des « théories conspirationnistes d’extrême droite et le racisme ». L’approche controversée de la plateforme X pour la couverture de l’élection présidentielle américaine a contribué à précipiter cette décision, le quotidien qualifiant le réseau social de « toxique ».
« La campagne électorale présidentielle américaine n’a fait que mettre en évidence ce que nous estimons depuis longtemps : X est une plateforme médiatique toxique et son propriétaire, Elon Musk, a été en mesure d’utiliser son influence pour façonner le discours politique », a ajouté The Guardian.
Elon Musk a récemment été nommé Ministre de l’efficacité gouvernementale aux États-Unis, conjointement avec l’homme d’affaires et républicain Vivek Ramaswamy ; une nomination que d’aucuns considèrent comme une rétribution pour son soutien public à la campagne de Donald Trump pour l’élection présidentielle du 5 novembre. Musk, qui a investi plus de 100 millions de dollars dans la campagne de Trump, a exprimé sa vision pour ce nouveau ministère via son réseau social, X. Il a promis une « transparence maximale », annonçant que toutes les actions du ministère seront accessibles en ligne.
Par ailleurs, un projet de publication intitulé le « classement des dépenses les plus terriblement stupides » est prévu, visant à mettre en lumière les dépenses gouvernementales jugées absurdes. Musk a souligné que ce classement sera « à la fois extrêmement tragique et extrêmement divertissant », accentuant ainsi son engagement envers une gouvernance plus transparente et efficace.
La stratégie de The Guardian après le retrait de X
The Guardian a précisé que, bien qu’il retire ses comptes officiels de la plateforme X, les utilisateurs seraient toujours en mesure de partager ses articles via la plateforme et que les publications sur X pourraient être intégrés ponctuellement à ses reportages en direct.
Le quotidien a également indiqué que ses journalistes demeureraient libres d’utiliser X pour la collecte d’informations, sans autres restrictions que celles déjà imposées par la politique interne de l’organisation en matière de médias sociaux.
« Les médias sociaux peuvent être un outil important pour les organes de presse et nous aider à atteindre de nouveaux publics mais, à ce stade, X joue désormais un rôle réduit dans la promotion de notre travail », a déclaré le journal, encourageant ses lecteurs à accéder directement à ses contenus sur son site, *theguardian.com*, afin de soutenir son journalisme indépendant.
Plusieurs organisations se détournent de réseau social d’Elon Musk
La décision de The Guardian s’inscrit dans une tendance plus large de retrait de la plateforme X. En 2023, la National Public Radio (Npr), un organisme médiatique américain à but non lucratif, a cessé de publier ses articles sur X après que la plateforme l’a étiquetée « média affilié à l’État ». Une décision similaire a été prise par la chaîne publique américaine Pbs.
Plus récemment, le festival du film de Berlin a annoncé, sans justification explicite, son retrait de la plateforme X. Le mois dernier, la police du nord du Pays de Galles a également suspendu son utilisation de la plateforme, affirmant qu’elle n’était « plus cohérente avec nos valeurs ». En août, l’hôpital orthopédique Royal National a quitté X en raison d’une « augmentation des discours de haine et des commentaires abusifs » constatés sur la plateforme.
Depuis qu’il a racheté la plateforme pour 44 milliards de dollars en 2022, Musk, qui se décrit comme un « absolutiste de la liberté d’expression », a rétabli plusieurs comptes suspendus, parmi lesquels ceux du « conspirationniste » Alex Jones, de « l’influenceur misogyne » Andrew Tate et de « l’activiste d’extrême droite » Tommy Robinson. Cette gestion des normes de contenu, fortement critiquée par des organisations de lutte contre les discours haineux et des institutions telles que l’Union européenne, a fait naître des inquiétudes concernant la toxicité de la plateforme.
X n’a pas encore réagi à la décision du quotidien et, selon The Guardian, n’a pas répondu aux sollicitations pour un commentaire.