Par Arlette Akoumou Nga
Des milliers d’agriculteurs de tout le Royaume-Uni se sont rassemblés dans le centre de Londres, mardi, pour protester contre la réforme controversée des droits de succession annoncée par le gouvernement dans le budget d’automne du 30 octobre.
Cette réforme, qui entrera en vigueur en avril 2026, imposera une taxe de 20% sur les successions pour les exploitations agricoles d’une valeur supérieure à 1 million de livres sterling. Des agriculteurs d’Écosse, d’Irlande du Nord, du Pays de Galles et d’Angleterre se sont rassemblés devant le 10 Downing Street.
Ils ont fait valoir que cette réforme menaçait leurs moyens de subsistance, qu’elle pourrait les obliger à vendre leurs terres pour payer les impôts et qu’elle mettait en péril la sécurité alimentaire britannique et l’avenir de la filière agricole.
Une réforme contestée
La réforme vise spécifiquement l’abattement sur les propriétés agricoles (Apr) et l’abattement sur les propriétés commerciales (Bpr), qui servaient auparavant à atténuer les taxes successorales sur les terres agricoles et autres actifs agricoles.
Le département du Trésor a justifié ces changements en affirmant qu’ils n’auraient d’incidence que sur les propriétés les plus riches, soit environ 500 exploitations agricoles, selon les estimations du gouvernement, mais les agriculteurs et les dirigeants du secteur contestent vivement ce chiffre.
Le ministère de l`Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales (Defra) indique que 66 % des exploitations agricoles sont évaluées à plus d`un million de livres sterling, ce qui dément l`affirmation du gouvernement selon laquelle 73 % des demandes d’Apr concernent des exploitations situées en dessous de ce seuil.
Les agriculteurs affirment que ces chiffres démontrent que le gouvernement a sous-estimé le nombre de domaines concernés. Le président de la National Farmers’ Union (Nfu), Tom Bradshaw, a critiqué cette politique, la qualifiant de « mauvais coup » porté à l’agriculture britannique.
S’adressant aux 1 800 membres de la Nfu réunis à Westminster, dans la perspective de leur action de lobbying auprès des députés, Tom Bradshaw a souligné les conséquences potentiellement dévastatrices de cette politique pour les exploitations familiales.
« Le gouvernement ne peut pas me dire qu’il s’agit d’une politique mûrement réfléchie », a-t-il déclaré, ajoutant : « Nous devons nous asseoir avec eux et élaborer un plan qui offre un avenir aux exploitations familiales ».
Bradshaw a également évoqué les données du Defra qui montrent que 75 % des entreprises agricoles à vocation commerciale pourraient être affectées de manière significative par le nouveau régime fiscal. Il a ajouté que cette politique plonge les exploitations familiales dans la tourmente et pourrait conduire à la vente forcée de propriétés familiales exploitées depuis des générations.