Par Joël Onana
Le bilan des victimes de l’attaque du Crocus City Hall à Moscou par des hommes armés s’est alourdi à 137 morts, dont trois enfants, ont annoncé ce dimanche les enquêteurs russes. Un bilan encore provisoire, les recherches dans les décombres pouvant prendre des jours après l’effondrement du toit du bâtiment.
L’identification des corps des victimes est en cours. À l’heure actuelle, les corps de 137 personnes, dont trois enfants, ont été retrouvés sur les lieux de l’attaque terroriste”, a indiqué le Comité d’enquête russe dans un communiqué. Jusqu’à présent, 62 corps ont été identifiés, a-t-il précisé, ajoutant que deux fusils d’assaut et une grande quantité de munitions avaient été trouvés sur les lieux.
La Russie observe ce dimanche une journée de deuil national. “Le pays entier est en deuil”, a lancé dimanche matin la chaîne de télévision publique russe Rossia 24. Elle a diffusé les images d’un immense panneau numérique installé sur le bâtiment calciné de la salle de concert : une bougie sur un fond noir et l’inscription “Crocus City Hall. 22/03/2024. Nous sommes en deuil…”. Des affiches similaires sont apparues partout dans la ville.
Les musées et théâtres de Moscou ont annoncé leur fermeture pour le week-end. Les restaurants de la capitale ont promis de reverser une partie de leurs bénéfices de dimanche aux proches des victimes. “Les gens ne sourient plus ici, il n’y a plus de joie”, dit à l’Afp Valentina Karenina, 73 ans, originaire de Sibérie et de passage à Moscou. “Ma fille m’a appelée pour me dire de ne pas sortir” de crainte d’une nouvelle attaque, confie la retraitée. Elle est néanmoins allée allumer un cierge dans une église mitoyenne de la place Rouge, elle-même fermée au public.
La Russie accuse l’Ukraine
La Russie n’a pas communiqué de nouvelles informations dimanche quant à l’avancée de l’enquête. Elle n’a toujours pas mentionné la revendication du groupe jihadiste État islamique, évoquant cependant un lien entre l’Ukraine et les tueurs présumés qui ont fait irruption vendredi soir dans le Crocus City Hall, ouvrant le feu à l’arme automatique sur la foule et incendiant le bâtiment.
Dénonçant un acte “terroriste barbare”, Vladimir Poutine a, dans une allocution télévisée samedi, près de 24 heures après les faits, a affirmé que les suspects avaient été arrêtés “alors qu’ils se dirigeaient vers l’Ukraine”. Les quatre assaillants présumés ont été arrêtés samedi dans la région de Briansk, frontalière du Bélarus et de l’Ukraine. Ils pourraient être présentés à un juge dans les heures à venir.
L’EI, que la Russie combat en Syrie et qui est actif aussi dans le Caucase russe, a déjà commis des attentats de moindre ampleur dans le pays depuis la fin des années 2010. Quelques jours avant l’attentat, le président russe avait balayé comme une “provocation” des mises en gardes américaines quant à une attaque en préparation en Russie.
Dans ce contexte, le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt a mis en doute dimanche la version de M. Poutine, disant avoir “très peu confiance” en ce que dit le gouvernement russe. Le président Volodymyr Zelensky a accusé lui le président russe de vouloir “rejeter la faute” sur son pays. Et le Premier ministre polonais Donald Tusk a dit samedi espérer que cette attaque ne deviendrait pas “un prétexte” à une “escalade de la violence”, dans une claire allusion à l’offensive russe en Ukraine.
Des suspects “citoyens étrangers”
Autre question en suspens, la nationalité des tireurs. Selon des médias russes et le député Alexandre Khinstein, certains des suspects sont originaires du Tadjikistan, pays d’Asie centrale frontalier de l’Afghanistan, et où l’EI est actif. Ce dimanche, le président tadjik Emomali Rakhmon a balayé en disant à Vladimir Poutine que les “terroristes n’ont pas de nationalité”. Samedi, le ministère russe de l’Intérieur avait assuré que les quatre suspects arrêtés “sont tous des citoyens étrangers”, sans préciser leur nationalité.