Par Joël Onana
Si la menace d’une guerre nucléaire «grandit de plus en plus» selon Vladimir Poutine, la doctrine russe en matière d’usage de l’arme atomique n’a elle pas changé. S’exprimant ce 7 décembre lors d’une réunion du Conseil pour le développement de la société civile et des droits de l’homme, le président russe a ainsi déclaré : «Notre stratégie d’emploi des moyens de protection – et c’est justement comme protection que nous considérons les armes de destruction massive, les armes nucléaires – est centrée autour de ce que l’on appelle la “frappe de réponse en représailles”. C’est-à-dire que si une frappe est effectuée contre nous, nous répondons.» Si une frappe est effectuée contre nous, nous répondons.
«Nous ne sommes pas fous, nous nous rendons compte de ce qu’est l’arme nucléaire», a également déclaré le dirigeant, affirmant que la Russie disposait des moyens les «plus modernes et avancés» parmi les puissances nucléaires. Cet arsenal constitue «un facteur naturellement dissuasif», selon Vladimir Poutine, et non un élément «provoquant un élargissement du conflit» en Ukraine. Le chef d’Etat a en outre rappelé que la Russie, contrairement aux Etats-Unis, ne déployait pas son arsenal nucléaire sur le territoire de pays étrangers : «Ce dont tout le monde parle maintenant, ce sont ce que l’on appelle les armes nucléaires tactiques. Elles se trouvent en grande quantité, les armes nucléaires américaines, sur le territoire européen.
Nous n’avons transmis nos armes nucléaires à personne et ne le ferons pas. Mais nous allons évidemment défendre nos alliés et nous le ferons avec tous les moyens que nous avons, au cas où ce serait nécessaire.» Depuis le lancement de l’opération militaire russe en Ukraine – que Kiev et ses alliés dénoncent comme une guerre d’invasion –, les hauts responsables russes ont rappelé à plusieurs reprises que la doctrine nucléaire de leur pays était orientée vers sa protection.
Ainsi, début octobre, le chef de la diplomatie russe avait souligné que la politique de la Russie en matière de dissuasion nucléaire «présentait un caractère exclusivement défensif». Quelques mois plus tôt, fin mars, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait affirmé que la Russie n’utiliserait l’arme nucléaire en Ukraine qu’en cas de «menace existentielle» contre la Russie.