Par Sandra Embollo
Une bagarre entre députés a éclaté le 1er décembre au Parlement sénégalais après des propos controversés d’une élue de la majorité, Amy Ndiaye, tenus quelques jours plus tôt à propos d’un chef religieux membre de l’opposition. Comme le relate notre source, le député Massata Samb, du parti Pur (Parti de l’Unité et du Rassemblement), membre de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi, s’est dirigé résolument vers Amy Ndiaye et lui a asséné une gifle. «Sortez-le», a alors lancé le président de l’Assemblée. Amy Ndiaye a répliqué en lançant une chaise, tandis qu’un autre élu aurait donné un coup de pied dans le ventre de la députée, qui est enceinte selon ses collègues.
Des parlementaires ont ensuite échangé des coups de poing dans la cohue, à l’occasion de cette scène survenue lors du vote du budget du ministère de la Justice pour 2023, qui a entraîné une interruption de séance.
La tension s’était accrue depuis quelques jours à l’Assemblée nationale après des propos controversés émis le 27 novembre par Amy Ndiaye au sujet de Serigne Moustapha Sy, chef religieux musulman et fondateur du Pur, qu’il préside. Amy Ndiaye est accusée par l’opposition de «provocation» : lors d’une intervention à l’Assemblée l’élue avait reproché à Serigne Moustapha Sy de ne pas tenir sa parole et de manquer de respect au président Macky Sall, selon des propos diffusés par les médias.
Le camp présidentiel a perdu la majorité absolue en juillet La coalition Yewwi Askan Wi avait alors exigé des excuses publiques de sa part. «Nous n’accepterons plus que les séances continuent tant que cette dame continue d’être présente [à l’Assemblée] tant qu’elle n’aura pas présenté ses excuses», a déclaré le député de l’opposition Abba Mbaye sur une télévision de l’opposition après les incidents du 1er décembre.
Des députés de la coalition au pouvoir et des militantes féministes se sont pour leur part insurgés après ces violences contre Amy Ndiaye, soulignant qu’elles sont intervenues alors qu’une campagne internationale soutenue par l’Onu contre les violences faites aux femmes est en cours. Le camp présidentiel a perdu la majorité absolue qu’il détenait à l’issue des élections législatives de juillet 2022, qui ont débouché sur un quasi-équilibre des forces politiques à l’Assemblée, dans un contexte politique tendu. Le président Macky Sall, réélu en 2019 pour un deuxième mandat de cinq ans, n’a pas encore précisé ses intentions pour la présidentielle de 2024.